Madame Pimpin n’est pas très douce. Du moins ce n’est pas le premier mot qui vient à l’esprit quand on la voit défoncer un mur à coups de masse. Ou quand on la voit dire à un sous-traitant qu’il a fait de la merde. Ou quand on la voit s’enfiler une double vodka. La liste d’exemples est longue comme le bras, bref Madame Pimpin n’est pas une illustration de douceur. Même si tout ça dissimule un petit cœur sensible en guimauve, elle s’arrange généralement pour qu’on ne s’en rende pas compte. C’est peut-être parce que Madame Pimpin n’est pas très douce que la médecine douce ne veut pas d’elle. Rappelle-toi l’Ostéo. Expérience mitigée (qui peu de temps après a conduit au non-J1 de la fausse-couche N°2, ne soyons pas totalement négatif). C’était quand même super décevant, niveau compréhension et écoute, par rapport à d’autres récits sur le thème ostéo VS infertilité. Il faudra aussi qu’elle te raconte plus en détail son expérience chez l’hypnothérapeute, tu verras c’est passionnant.
Mais Madame Pimpin ne se laisse pas démonter comme ça, elle n’est peut-être pas douce, en revanche la nature l’a dotée d’une ténacité ridiculement… persistante. Et quand il y a maintenant 6 semaines, son premier J1 post-fc est arrivé, elle s’est sentie complètement abandonnée par la médecine, ayant juré de ne point revoir ce brave Docteur Colley avant septembre. Il lui a fallu chercher un substitut. Oui Madame Pimpin se demande si elle n’est pas médecinholic. Tordue comme elle est, il a bien fallu qu’elle détourne le problème, pour éviter justement de trop se demander « mais QUEL est le problème ». Elle n’est pas allée voir un gynéco, un généraliste, ou un psy (même si cette dernière option lui tendait les bras avec amour). Elle est allée voir un acupuncteur. Prétexte : arrêter de fumer. Ben voyons.
Cabinet super vieillot, dans un quartier un peu cassos, mais bon. Acupuncteur recommandé par quelqu’un du boulot qui semble plutôt fiable. Les toutes petites pièces de consultation sont éclairées au néon, pas tellement décorées, il y fait très chaud et c’est agréable mais c’est vraiment la seule chose qui inspire le bien être. Les murs sont épais comme du papier à cigarette ce qui n’appelle pas forcément à la confidence, le bureau est installé dans l’entrée, et la déco de la salle d’attente est…comment dire… disons qu’il aurait mieux valu qu’elle soit inexistante. Bref, on ne vient pas ici pour boire un thé et respirer de l’encens, mais si le résultat est efficace : qu’importe. Madame Pimpin se dit : au moins, pas de poudre aux yeux.
Dès la première séance, Madame Pimpin explique au médecin qu’elle voudrait arrêter de fumer définitivement, puisqu’elle a remarqué que les moments où une petite graine réussit à s’accrocher coïncident avec les moments où elle ne fume pas pendant quelques mois. Elle lui explique aussi que chacune des 2 fausses couches a empiré sa consommation de tabac. Paf, moyen détourné pour expliquer qu’elle souffre de son infertilité et de ces 2 fausses couches. L’acupuncteur, que nous appellerons ici Docteur Zinzin, ne relève pas spécialement les informations. Ni l’histoire du tabac, ni celle de l’infertilité. Il se contente de planter des aiguilles dans les pieds, les poignets et le sternum de Madame Pimpin, puis la laisse mijoter dans le noir un petit moment. Et là, black out. Madame Pimin s’empaffe sur la table, elle est bien, au chaud, elle sent vraiment qu’elle se détend. Deuxième et troisième séances, pas plus d’explications, aiguilles aux mêmes endroits, détente totale. Ces deux premières semaines d’acupuncture, Madame Pimpin se sent bien, plus vivante, plus reposée. Il fait un temps magnifique, c’est le premier cycle qui compte pour de vrai, elle se sent pleine d’espoir. Elle fait la promo du Docteur Zinzin, et lui adresse sa copine Madame Poulette qui elle aussi a bien besoin de se détendre.
A la fin de la troisième séance, Madame Pimpin demande tout de même des explications sur le travail du Docteur Zinzin. Il lui explique que le tabac n’est pas la cause de ses problèmes, qu’il travaille plutôt sur l’équilibre des énergies, et notamment sur trois points : la réserve d’énergie (c’est vrai que Madame Pimpin s’est sentie un peu à plat ces derniers temps), l’hypersensibilité (c’est vrai que Madame Pimpin chouine pour un rien en ce moment et prend tout à cœur), et la cogitation en mode repeat (c’est vrai que malgré sa décision d’arrêter de se prendre la tête, Madame Pimpin dans le fond n’a pas vraiment réussi à mettre le holà à ses perpétuelles élucubrations et interrogations). Pour lui la clé est là, Madame Pimpin « y pense trop ». Nous y voilà. Il a bien fait, le Docteur Zinzin, de garder le silence sur ses sujets d’amélioration. Il lui aurait dit « Madame Pimpin tu y penses trop et c’est là ton problème » de but en blanc dès la première séance, elle ne serait peut-être pas revenue. L’effet positif, c’est que Madame Pimpin ne se sent plus obligée d’arrêter de fumer sinon tu meurs. Elle va y aller à son rythme, et de fait elle diminue un peu.
Elle poursuit donc l’expérience, ne serait-ce que pour cette détente obtenue lors des 3 premières séances. Le Docteur Zinzin commence à lui sembler vraiment weird. Lors de la quatrième séance, il lui plante des aiguilles dans les boobs comme ça sans prévenir. Le genre de truc qui ne te détend pas vraiment du boule. Puis il lui propose des séances de mésothérapie (injections de produits homéopathique) (c’est comme l’Ovitrelle sauf que ça se fait en plein de petites injections) pour l’aider à venir à bout de ses petits bourrelets, installés surtout depuis le début du traitement hormonal en septembre. Madame Pimpin se sent un peu prise au dépourvu et surprise, elle a certes un peu pris mais quand elle s’en plaint, les gens haussent les sourcils genre ma pauvre fille arrête ton cirque. Ceci étant, c’est vrai que ça l’ennuie, ces petits bourrelets qui n’étaient pas là avant. Un petit tour sur le net et va pour la mésothérapie. Docteur Zinzin lui prévoit 4 séances à raison de 2 par semaine (VS 1 par semaine tel que recommandé sur le net).
Au fil des séances, le Docteur Zinzin est de plus en plus familier, il va jusqu’à tâter le gras de Madame Pimpin, fait des blagues douteuses toujours à moitié portées sous la ceinture, et plusieurs fois, au moment de planter les aiguilles dans les boobs de Madame Pimpin, il commente la couleur ou la matière de ses soutifs. Genre, on a gardé les vaches ensemble. Inutile de préciser que l’effet « détente » des premières séances s’en trouve annihilé sur le coup, et que Madame Pimpin commence à réfléchir au mode « extraction ». Puis l’ovulation de Madame Pimpin se pointe, et avec elle les dpo. Madame Pimpin demande au Docteur Zinzin si la mésothérapie ne peut pas avoir d’effet néfaste sur un éventuel début de grossesse (petite naïve, va). Et là, accroche toi bien copine.
– Réponse du Docteur Zinzin : «ah, vous essayez d’avoir un petit ?»
– Madame Pimpin : «euh… » (air interloqué)
– (haussement de sourcils du Docteur Zinzin en mode gros LOL)
– Madame Pimpin : «c’est-à-dire que je vous en ai parlé dès le début, les deux ans d’essais, les deux fausses couches, tout ça… Je suis un peu surprise par cette question.»
– Docteur Zinzin : – «mouahahah, mais je vous fais marcher, bien sûr vous m’avez dit !»
– Madame Pimpin : – « … » (haussement de sourcils agacé)
– -Docteur Zinzin : – «mais peut-être que vous ne savez pas vous y prendre, aussi ! Mouahahah !»
– Madame Pimpin : – «Pardon ?» (regard mitraillette, sourcils froncés, mâchoires serrées)
– Docteur Zinzin : – «Ne vous inquiétez pas, la mésothérapie n’est pas contre indiqué en cas de grossesse, et elle peut même y contribuer grâce à son effet stimulant sur le système veineux.»
Nan mais sans déconner, quoi. Ne demande pas pourquoi Madame Pimpin persiste et reprend rendez-vous. Ça reste un mystère. Peut-être cette addiction au suivi médical. Elle n’en est pas très fière.
La semaine dernière, la dixième séance tombe à J33, en plein dans le moment où Madame Pimpin se croyait enceinte rapport à son retard de près d’une semaine. Elle précise d’entrée de jeu au Docteur Zinzin qu’elle est pressée (il a tendance à être super en retard), qu’elle doit sortir avant 19h pour avoir le temps de s’arrêter à la pharmacie acheter un TG parce que là ça suffit, halte au doute. Il lui propose une ordonnance pour une pds, et émet de lourds sous-entendus comme quoi il sentirait une présence, gnin gnin gnin (Docteur Zinzin en mode Clirblou, soit dit en passant ça n’a pas vraiment aidé dans le cadre du TG – une heure plus tard). Il disparait un moment, Madame Pimpin garde les yeux rivés sur sa montre (mmmh, quel agréable moment de détente). Il réapparaît 45 minutes plus tard, il est 18h50. Madame Pimpin lui dit d’une voix ferme que pour la mésothérapie on verra ça plus tard. Il lui répond non non non, et lui laisse deux aiguilles dans les boobs pour la tenir en otage le temps qu’il aille chercher sa seringue. Madame Pimpin est colère. Puis il revient, ôte les épingles et appuie sur le mamelon de Madame Pimpin comme ça pour le fun, en lui disant qu’il peut aussi planter des aiguilles « là ». Madame Pimpin est choquée et se sent… profanée. Elle n’est peut être pas douce mais elle est tout de même sacrément pudique et là ça commence à bien faire. Elle serre les dents pendant les injections, en se demandant mais bordel, qu’est ce que je fous là ?
S’en suit un TG – et une non-pds (pas la peine d’aller se faire humilier au labo une fois de plus avec un taux inférieur à 5ui, devant l’infirmière en cloque, en prime). S’en suit une fin de cycle complètement anarchique, avec spotting de marde par intermittence pendant des jours et des jours. Pour la première fois en 17 ans de menstruations. Puis un J1 très douloureux physiquement, des règles longues, abondantes, épuisantes. Sans jeter la pierre au Docteur Zinzin qui est peut-être un charlatan mais n’a peut-être pas de responsabilité dans le merdier de ce C2, c’est tout de même troublant. Madame Pimpin demande à Madame Poulette, pour vérifier, de lui préciser les endroits où il lui colle ses aiguilles. Bingo, c’est exactement pareil. Madame Poulette consultait pour des insomnies, Madame Pimpin pour arrêter de fumer, à la base. Ou être plus fertile, en option. Il est où le rapport ? Madame Pimpin n’a donc pas repris rendez-vous et n’ira plus jamais voir le Docteur Zinzin. Elle ne dit pas définitivement non à l’acupuncture, mais si l’envie lui prend de retenter, elle ira voir ailleurs et demandera un plan d’action clair et précis en préambule.
Maintenant il va falloir régler ce problème de médecinholisme. Ou aller voir un psy. Ou peut-être l’hypnothérapeute, qui malgré quelques phrases un brin agaçantes, a tout de même réussi dans un sens à faire quelque chose pour Madame Pimpin. On y reviendra prochainement.