En Vrac #22.

Le retour à la Grande Boîte.

Honnêtement, Madame Pimpin ne pensait pas survivre. Après avoir passé une semaine complète à dormir onze heures par nuit plus une heure le matin, plus deux heures l’après-midi, et ce jusqu’à hier soir, c’était pas gagné pour se lever à 7h, rattraper les quelques 300 mails en retard, se remettre à jour tout en enchaînant les réunions, mais finalement ça l’a fait. Et ça l’a fait sans incident majeur j’entends. Madame Pimpin ne s’est pas mise à pisser le sang, les symptômes n’ont pas disparu, la journée ne s’est pas terminée aux urgences contrairement à ce qu’elle imaginait craignait.

La rentrée scolaire.

Après-demain, Madame Pimpin, équipée de son beau cartable tout neuf (nan je déconne hein) posera ses délicates fesses sur les bancs de l’amphi dans la chouette école qui sera la sienne pour deux ans. Alors forcément ça ne plait pas au Chef Sympathique. Mais alors… Je ne te raconte même pas sa tronche quand il a découvert que les samedis de cours seraient récupérés via des journées de congé. Désolée mon poto c’est juste les conventions collectives, histoire que ces faignasses de salariés puissent se maintenir à leur rythme de parasite avec un nombre d’heures maximum par semaine. Nan parce qu’entre toi et moi, Chef Sympathique, tu crois quand même pas que si j’avais voulu me farcir le diplôme en mode Survie, j’aurais attendu sept ans et d’être en cloque peut-être on a dit on se projette pas pour qu’il soit pris en charge par la Grande Boîte hein ? Tu te doutes quand même bien que j’aurais tapé dans la butte bien avant, nan ? Bon. Madame Pimpin est contente qu’il ait kiffé la petite surprise. Ca promet d’être fun si un jour elle a la chance de lui annoncer qu’elle a un polichinelle dans le tiroir.

Les (autres) femmes enceintes.

C’est très dur à supporter. Et ce n’est carrément pas moins dur qu’avant d’avoir fait virer ce TG+. Il y a les femmes enceintes depuis l’été dernier, Madame Écureuil et Madame Chaton. Madame Pimpin ne veut pas les voir. Elles vont démouler en mars. Mars, anniversaire des fausses couches. Mars, date prévue pour l’écho des 12SA si l’Ordre des Choses permet d’aller jusque là. Donc ça fait chier, les femmes enceintes de cet été, d’autant que les Chatons se font de plus en plus persistants dans l’idée de se faire une petite bouffe avant le démoulage (genre quoi, on va tous mourir ensuite ?) et appellent les Pimpin environ toutes les semaines pour les inviter à ripailler. Tu pense qu’elle en a fort envie Madame Pimpin, d’aller non-ripailler et risquer de se faire griller chez une 34SA, LOL quoi. Madame Ecureuil se tient un peu plus tranquille car elle doit penser qu’IAC2, dont elle ne connaissait pas la date précise, aura lamentablement échoué. Alors par pudeur elle se tient à distance, thank you god, thank you life, thank you Los Angeles*.

* inspiré du discours de Marion Cotillard à LA pour son rôle dans La Môme.

Il y a Madame Cigogne, celle qui s’appelle R. dans cet article. Celle qui en est à deux mois de grossesse, celle qui était stérile et qui n’a pas fait exprès d’être enceinte et trouve ça dur dur les prises de sang mensuelles (au nombre de deux, donc). Eux, ils vivent normalement. Elle ne reste pas enfermée chez elle une semaine entière enroulée dans une couverture à claquer des dents de peur de bouger et de perdre le bébé. Ils vont à des concerts. Ils vont au resto, ils vivent. Ils sont heureux. Et comme ils sont heureux ils veulent que tout le monde le voit. Alors comme témoins de ce bonheur, ils se sont dit « oh tiens, faisons appel à ces chers Pimpin, invitons les à ripailler ». Bah nan. Foutez moi la paix.

Tu me diras, c’est un peu ce que Madame Pimpin à envie de répondre à tout le monde (« bah nan, foutez moi la paix ») (faut suivre un peu). Même à Madame Zébulon sa BFF, qui depuis trois jours essaie de la joindre, elle voudrait répondre d’aller au diable. Le Caméléon a écrit sur un post-it « DDG le 4 avril » et il a donné le post-it à Madame Pimpin. Et d’ici là Madame Pimpin, elle voudrait rentrer dans le ventre de la terre, ou dans le ventre de sa mère, pour que son ventre à elle et ce qu’il contient peut-être soient à l’abri de tout. Maaaais bon ce n’est pas possible.

Le problème avec ces femmes enceintes, c’est qu’elles vont toutes continuer tranquilou leurs grossesses, comme des fleurs, sans épée de Damoclès au dessus de leurs jolies têtes. Et si une seule doit encore se manger une porte, ce sera Madame Pimpin. Et elle redoute tant d’avoir à les regarder continuer leur route, sans affolement, si pour la quatrième fois il fallait remettre les pieds dans les starting blocks.

Va y avoir du sport.

Madame Pimpin te disait l’autre jour qu’elle avait décidé de caler l’écho de la huitième SA à la toute fin de la semaine histoire d’en avoir fini avec ses obligations et d’avoir le week end pour se reposer de ce qu’elle aura constaté. Elle avait donc fixé la chose pour samedi 12h30, armée de Monsieur Pimpin. Ah Ah Ah la blague. A se demander si son cerveau n’a pas carrément fondu. Parce que ça, c’était sans compter que le planning de la chouette école, il prévoir d’avoir cours aussi le samedi après-midi (nan mais Madame Pimpin, va pas me dire que tu ne le savais pas). Il va donc falloir samedi qu’elle quitte le cours dix minutes avant la fin, le matin. Pour se ruer chez le Caméléon et y rejoindre Monsieur Pimpin. Attendre probablement deux plombes, que Môsieur le Caméléon purge son retard. Et puis nature peinture, vivre le moment le plus angoissant de toute l’histoire #2. Pour retourner en cours dans la foulée et quoi qu’il arrive, en retard d’une bonne heure. Le tout, lors de sa première semaine de cours. Tadââââ.

Topo de 7SA +1 (lecture facultative hein).

7SA +1 en ce lundi post-grippe (un muscle intercostal déchiré à force de tousser tout de même, belle perf’ nan ?) (ça fait mal) (si quelqu’un ou quelque chose a survécu à ces quintes de toux ahurissantes, respect). Les boobs sont toujours douloureux, plus ou moins, mais parfois ça fait très mal. L’appétit est réduit à néant, après plusieurs jours de fascination pour le gras (crêpes complètes, burgers, pizza aux huit fromages et compagnie) il y a une dizaine de jours, c’en est fini. Madame Pimpin ne tolère que les fruits, les viandes maigres, les cuissons sèches, les légumineuses et les yaourts (et les barquettes de Lu à la fraise également, et le jus de pomme). Elle a des nausées aussi. Toute la journée, suffit qu’elle croise une odeur dégueu (au top du top : café et / ou clope, plutôt commode pour une ancienne fumeuse) pour que les hauts-le-coeur surviennent. Surtout quand elle a l’estomac vide. Et des fois elle vomit. Samedi dernier le soir de la première écho, trois pauses obligatoires sur un trajet de 6km sous peine de repeindre la bagnole (heureusement qu’à Village Sur Mer on n’a pas de métro, j’te le dis). Et ce matin, hop un petit coup de bile au p’tit dèj. C’est dégueulasse hein. Pourtant c’est bien la seule chose en ce moment qui donne le sourire à Madame Pimpin. Voilà à quoi on en est réduit après cette fucking PMA et après ce fucking acharnement de DNLP : kiffer de vomir sa bile à 7 heures du matin. Et puis son dernier symptôme c’est que toutes les cinq minutes, les larmes lui montent aux yeux. Et elle devient hyper sentimentale et hyper lyrique. Du style à entendre quelques petits rires étouffés dans l’assemblée en réunion quand elle défend un sous-traitant outsider avec panache, verve, passion et émotion.

Elle n’avait jamais eu tout ça, avant, Madame Pimpin. Avec G1 et G2 elle cumulait 20SA ou 16SG, et là avec ses 7 petites SA +1, elle a genre mille fois plus de symptômes. Alors on sait tous très bien que ça ne veut rien dire et que ça ne prouve pas qu’elle a des raisons d’être rassurée. Ca ne veut pas dire que samedi, elle pourra retourner en cours sans cacher ses larmes d’un poing rageur, en mode pilote automatique. Ca ne veut rien dire du tout. Mais curieusement, connement, presque, ça lui donne envie d’être un tout petit peu tranquille pendant une minute. Là. Juste soixante secondes de répit. Pfiou. Ca va mieux. Mais c’est déjà reparti.

En Vrac #21.

  • La reprise qui pique.

Mauvaise nuit et dur réveil ce matin pour Madame Pimpin qui en trois semaines de vacances (mais quelle idée, me diras-tu) s’était recalée sur son rythme naturel de noctambule. Si bien qu’avant l’heure de la sonnerie, ses yeux étaient déjà grand ouverts, elle n’en était pas moins déjà épuisée. Arrivée au bureau, envie de ne voir personne, de ne parler à personne, un nombre à trois chiffre et indécent de mails reçus, dont tout plein de messages automatiques de bons vœux dont on à rien à cirer si ce n’est que ça agace, les gens qui vous souhaitent une bonne année alors qu’ils ne savent rien de vous, une bonne santé pour vous et vos proches alors que vous passez tout votre temps libre chez le médecin ou au labo… Bref, il ne manquait plus que Chef soit là en personne ce matin pour que cette journée merdique prenne tout son sens (dieu merci habituellement il reste à Grande Ville). La petite réplique qui te motive et te donne le smile ? « Bonne année Madame Pimpin, alors les vacances n’étaient pas trop fatigantes, contente de reprendre pour récupérer ? » Ta gueule. Pour couronner le tout, Madame Parfaite II est venue saluer l’assemblée avec son air de Candy et son ventre qui s’arrondit de jour en jour, Madame Pimpin s’est mentalement bouché les oreilles quand elle a raconté son écho des 5 mois à Madame Pie. Je te passerai les collègues de bureau qui racontent le noël des enfants, et ceux de la cantine qui recensent les bébés issus de l’amour est dans le pré (et que toi tu les classes mentalement en deux catégories : OSEF versus ceux qui sont arrivés depuis que tu en chies).

  • La pharmacienne qui bug.

Et revoilà notre pharmacienne de compète, la pharmacienne de Village Sur Mer, haut lieu de la reproduction spontanée et consanguine aisée, bannissant les vilains pas capables de faire ça tous seuls. On a frôlé la catastrophe (et purée Violette j’ai failli regretter de ne pas avoir donné suite à ta proposition postale). Avec toute une journée pour gérer la commande + récupération du matériel Pmesque, les Pimpin se sentaient plutôt sereins. Monsieur Pimpin a fait l’ouverture de la pharmacie ce matin à 9 heures pétantes (c’est-à-dire qu’il y était depuis 8h30). Trente-sept minutes plus tard, le Ménopur était commandé (mais ça à la limite, il en restait deux alors ça aurait été) en revanche, les petites aiguilles pour injection sous-cutanée : rupture de stock. Pas moyen de faire comprendre à la dame que c’était une urgence et que non, on ne pouvait pas s’y prendre avant. Au final Monsieur Pimpin par je ne sais quelle opération du Saint Esprit a réussi à lui faire retrouver trois aiguilles de rescue pas tout à fait identiques à celles de la notice (m’enfin on va pas chipoter). Plus qu’à récupérer le Ménopur ce soir et choper le reste des aiguilles demain. Quand à 9h50, Monsieur Pimpin est ressorti de la pharmacie en retard de 20 minutes pour son jogging avec Monsieur Souris, il a probablement compris certains pétages de câble inscrits au compteur de son épouse.

  • Le mail qui tue.

 « Bonjour Madame Pimpin,

Je profite de la nouvelle année pour venir prendre de tes nouvelles et te souhaiter tous mes vœux pour cette nouvelle année. Les années passent la famille s’agrandi, notre petit XXX à déjà X ans et est rentré à la maternelle, et nous avons une petite fille XXX qui a X mois et qui commence à marcher.

Est ce que tu es toujours à Village sur Mer ? Qu’est ce que tu deviens ? J’espère que toute ta famille va bien. Passe le bonjour à tes parents et à ton frère et ta sœur.

A bientôt j’espère, bises »

Bah non, pas à bientôt, je crois pas. C’est mauvais et injuste de lui dire « pas à bientôt » parce que la Dame qui a écrit ça, Madame Pimpin la connait depuis sa naissance. C’est la fille d’anciens amis de ses parents, elles ont quasi le même âge et ont passé beaucoup de chouettes moments de leur enfance ensemble, avant que tout le monde se perde gentiment de vue. Le truc c’est que depuis que la Dame va bien (comprendre annonce de fiançailles suite à un passé amoureux plutôt difficile) elle essaie de reprendre contact avec Madame Pimpin et l’a même invitée à son mariage. Le truc c’est que Madame Pimpin fait la morte depuis un bail, que l’autre ne lâche pas l’affaire, que ça devient super embarrassant d’être la connasse qui ne répond pas, mais dont chaque année les pêchés sont absouts par la Brave et Miséricordieuse Dame. D’un autre côté Madame Pimpin n’a ni envie de répondre en mode youpie troulali troulalère la vie est belle, ni envie de lui raconter sa life, ni rien à lui dire, tout bien réfléchi. Et puis sans déconner, c’est quoi ce mail, un inventaire ? Rien d’autre à raconter ? Si La Vie se résume à raconter l’évolution de la Progéniture, qu’est ce que Madame Pimpin peut bien répondre d’honnête ? C’est dans ma tête ou la seule réponse attendue serait :

 « Alors moi j’ai Kévina qui fait toujours dans ses couches la nuit mais plus pendant la journée, et George-Emmanuel qui entame sa diversification alimentaire. A part ça je suis joie et amour, et je profite de la nouvelle année pour étaler une couche de sirop gluant et sucré sur la surface de la terre. On fait un concours d’évolution de gosses ? Embrasse bien fort ta grand-mère et ton voisin de ma part. ». ?

Et voilà. Maintenant que c’est écrit Madame Pimpin culpabilise et se sent tout sauf BELLE ET DIGNE. De là à ce qu’elle réponde un truc gentil et s’expose à la question-qui-tue « et vous c’est pour quand », il n’y a qu’un pas.

  •  Les monitos qui sandwichent.

 Nouvelle IAC, nouveau rythme. Maintenant ce sera monitos le midi : gloups. Planning Caméléonesque trop chargé pour faire autrement (le pauvre homme il va finir tellement pété de thunes qu’il ne pourra bientôt plus compter ses billets – en même temps c’est pas Madame Pimpin à coups de 18 euros qui va l’enrichir). L’avantage c’est que les journées seront moins longues (entre labo le matin et monito le soir, pour IAC1 Madame Pimpin se tapait des journées de 13 ou 14 heures dehors) (sachant qu’il n’y a que CHEZ ELLE qu’elle se sente normale), l’inconvénient c’est que le labo aura intérêt à transmettre les résultats de PDS rapidement (PDS à 7 heures, résultats pour 11h45 au plus tard… chaud). Et puis, bye bye la pause dèj. Ou comment pallier aux potentiels kilos en trop qui voudraient se greffer sur les hanches de Madame Pimpin. Tu me diras comme ça, elle n’aura plus besoin d’écouter les prouesses reproductives de la population télé-réalité de M6 à la cantoche qui de toutes manières lui coupaient l’appétit.

  • La Pie qui chante.

Petite éclaircie dans cette journée de marde, quelques petits mots glissés par Madame Pie au détour d’une pause café.

« que tu aies un bébé cette année, c’était l’un de mes voeux au moment des douze coups de minuit« .

OUF. Il n’en fallait pas tant pour que Madame Pimpin retrouve foi en l’humanité et reprenne des forces pour ré-attaquer demain. Et oui parce que demain, il faut retourner à La Grande Boîte. Et après-demaiin aussi. Et tous les jours, en fait. Marde.

En vrac #20.

Le mail de Madame Ecureuil.

Ou comment faire culpabiliser ses copines infertiles. Un mail arrivé ce matin, en provenance de Madame Ecureuil et son utérus bien rempli. Suite au baptême de l’autre jour, Madame Pimpin s’était bien lâchée au niveau de la décompression, et s’en voulait un petit peu d’avoir bitché sur sa copine. Et ce n’est pas ce mail qui va l’aider à déculpabiliser… Madame Ecureuil s’est souvenue d’un renseignement professionnel demandé par Monsieur Pimpin, et l’objet du mail était de répondre à cette requête après de minutieuses recherches. Well well well. Madame Pimpin peut toujours orienter sa mauvaise foi en direction du ton du mail, pragmatique et dépourvu de sentiment, où même le «comment ça va» fleure bon le «ne me répond surtout pas je suis trop mal à l’aise»… Sur ce coup, elle se sent un peu merdeuse d’autant que Madame Ecureuil ne mentionne sa grossesse qu’entre les lignes (tu me diras, même entre les lignes c’est insupportable).

Scary Movie.

Dimanche soir les Pimpin sont allés voir Conjuring, un film d’horreur très inspiré de l’exorciste (Madame Pimpin est amatrice du genre). Le pitch (attention spoiler) : une sorcière ayant vécu dans la maison hantée, s’étant suicidée dans le jardin suite à l’offrande de son nourrisson, revient depuis plus de deux siècles persécuter les mères qui s’installent dans les lieux, et les possède jusqu’à ce qu’elles aussi sacrifient leurs enfants. So charming (cette histoire d’infanticide ne figurait pas dans le résumé sinon tu penses bien qu’on serait allé voir une bonne comédie). En sortant de là, le trip «maison hantée», «sorcière infertile qui nous a jeté un sort» et autres jouasseries trottaient déjà allègrement dans la tête de Madame Pimpin. Il n’en fallait pas tant que l’apparition devant la portière de la bagnole d’une grosse flaque de soit disant «huile hydraulique teintée en rouge» (dixit Monsieur Pimpin) ressemblant plutôt à une mare de sang (version de Madame Pimpin) ne se trouvant pas là avant le film, pour épouvanter Madame Pimpin. Maintenant, à l’instar de La Fille, Madame Pimpin est intimement persuadée de vivre sur l’emplacement d’un ancien autel de messes sataniques ou autre, convaincue qu’un esprit malveillant s’en prend à son utérus et à sa descendance. Si tu connais un bon prêtre exorciste à pas cher, suis preneuse.

La pharmacienne.

Initialement, Madame Pimpin avait prévu de rédiger un article dédié à la pharmacienne, dédicacée à Bounty qui l’avait bien prévenue, tant le discours l’a agacée au plus haut point. Finalement, ne lui accordons pas tant d’importance, à la gourdasserie de cette pauvre pharmacienne. Quand Madame Pimpin est allée chercher son acide folique la semaine dernière, elle a cru bon de préparer le terrain. Elle a demandé à sa pharmacienne habituelle si le Gonal ou le Purégon étaient disponible chez eux en stock, et sinon quels en étaient les délais d’approvisionnement (c’est ce qui s’appelle être dans les starting blocks). La pharmacienne s’est montrée arrangeante sur ce point, s’engageant à commander le matin pour le soir même sur simple coup de fil de Madame Pimpin. C’est commode, parce qu’étant souvent en déplacement, la mère Pimpin n’est pas forcément à même de passer sa journée à la pharmacie. Mais le prix à payer pour cet arrangement… s’est montré un peu salé. – Vous allez voir, avec ce traitement ça va marcher à tous les coups. (c’est sûr les FIV c’est pour les chiens et l’échec PMesque n’existe pas). – Pensez à prendre le temps de ne pas trop y penser. (L.O.L). – Et puis vous savez, il faut prendre des vacances. (C’est pris en charge dans le 100% ?). – Pour moi, ça a marché dans l’intervalle où j’attendais mon RDV PMA (Elle a quatre gosses, hein). – C’est vrai que c’est pas facile, d’attendre. (CQFD). Bref, un bon condensé de bullshit. Mais une fois encore, prévenue à l’avance par sa coupinaute bienveillante, au final Madame Pimpin ne pouvait qu’en rire intérieurement tellement ces putains de clichés ont la dent dure.

La petite pointe de déception.

Décidément c’est compliqué d’être l’amie d’une infertile. Mercredi après son RDV chez le Caméléon, Madame Pimpin s’est arrêtée en chemin chez Madame Poulette qui habite juste à côté, après l’avoir prévenue de son arrivée (et des IAC) par sms. Elle s’est dit qu’après tout une petite bière ne serait pas du luxe pour décompresser avant d’aller manger chez ses parents (comble de l’emmerdement Monsieur Pimpin bossait ce soir là). Dans les moments de crise, Madame Poulette s’en sort habituellement bien avec ce qu’il faut dire et ce qu’il ne faut pas dire. Madame Pimpin s’attendait donc à ce que son amie pige l’ambivalence du truc : chouette les IAC, mais bordel, on y est et ce n’est pas rien. Sauf qu’en arrivant, on a surtout parlé du plombier de Madame Poulette qui avait fait de la merde, parce que tu comprends c’est aussi important que les IAC. Madame Pimpin se dit OK, il n’y a pas de hiérarchie dans la contrariété, soyons amour et patience avec nos peu nombreux amis qui ne nous tapent pas encore sur les nerfs. Une fois le débrief-plombier terminé, on passe aux IAC. Madame Pimpin ayant tout de même assez bien pris le truc, elle ne s’étale pas trop, mais un peu quand même. Très vite, Madame Poulette dévie sur son projet de maternité à elle (pour rappel, elle est en couple depuis six mois avec un chouette garçon que Madame Pimpin lui a présenté). Depuis quelque temps en effet, Madame Poulette parle d’expat d’ici quelques années, de projet de congé parental pour partir avec le chouette garçon… Dans l’absolu c’est plutôt bien de se projeter, et puis d’ici là, la mère Pimpin aura soit pondu et fermera sa gueule, ou bien elle aura renoncé à sa propre progéniture et se réjouira de pouponner celle des autres. Sauf que là, le sujet dévie tellement que Madame Poulette en arrive à tenir des propos fort désagréables, grinçant aux oreilles de Madame Pimpin comme des coquilles d’œuf dans la mayo, et révélant une significatice accélération de planning.
– Votre expérience me fait peur, je ne veux pas être trop vieille ni perdre du temps. (Elle est plus jeune que Madame Pimpin, bordel. Ou comment se sentir comme une veille croute, d’un coup. Et puis bon, dans le pire des cas, invite la PMA dans ton couple au bout de 6 mois tu verras ce qu’elle en fera).
– Le temps ne passe pas vite quand le Chouette Garçon n’est pas là, avec un bébé ce serait moins dur. (t’as raison ma Brenda, gère déjà ton plombier).
– Et puis je me dis que ce serait tellement super qu’on soit enceinte en même temps. (Moi aussi j’aimerais trop partager cette grossesse que j’aurai attendue tellement d’années avec une C1 en couple depuis moins d’un an… Moi aussi j’aimerais trop prendre le risque de faire une fausse-couche pendant que le train part encore sans moi… ou pire, rester sur le quai tout court et regarder les autres voyager…).
Ne va pas te méprendre, Madame Pimpin est contente que tout roule pour la Poulette et le Chouette Garçon. Mais chacun son tour et les vaches seront bien gardées. Chacun sa grossesse et tout ira bien. Et puis entre nous, c’est moyen niveau délicatesse, de lancer ce sujet avec quelqu’un qui vient d’apprendre moins de 15 minutes plus tôt qu’il avait le go pour les IAC. Madame Pimpin ne se prend pas pour Françoise Dolto et n’a pas de conseils à donner aux jeunes couples, mais les gens quand même réfléchissez. A vingt cinq piges, quand on est en couple depuis si peu de temps, l’essentiel est de se poser en tant que couple avant de parler bébé ou PMA. Il faut que le socle soit solide, pour supporter tout ça. Madame Poulette aurait eu 35 ans, le discours n’aurait pas été le même bien sûr… Mais là, là, c’était juste agaçant et un brin déplacé. Marde. Arrêtez de m’inciter à faire ma grosse conne, les gens. Voilà comment Madame Pimpin s’est retrouvée passablement pompette deux heures plus tard, après avoir éclusé quelques chopines de rouge qui tâche avec son pôpa.

Madame Parfaite.

Tu te souviens de Madame Parfaite, qui conseillait à Madame Pimpin de faire un bébé afin de pouvoir poser un congé parental et suivre Monsieur Pimpin plus facilement en cas de mutation ? Oui ? Bah tu vas rigoler alors. Il y a trois mois, le projet sur lequel travaille Madame Parfaite a pris du plomb dans l’aile (pas si parfaite, hin hin hin). Madame Parfaite a été sollicitée pour alterner : un mois à Village Sur Mer, un mois sur son projet à 800 bornes de là. Son Monsieur Parfait étant très peu dispo, c’est un peu galère avec leur petite fille (petite fille conçue en vue d’un rapprochement de conjoint il y a trois ans). Là, Madame Parfaite vient juste de revenir de son mois de déplacement. Son air de Joconde ébahie, son détachement quant à sa prochaine période « sur place » auraient du mettre la puce à l’oreille de Madame Pimpin. Eh ouais, Madame Parfaite est en cloque, depuis deux mois et demie. Fini les déplacements. Echo des 12SA prévue cette semaine, Madame Parfaite s’inquiète de na pas sentir le bébé bouger et va demander à son gentil médecin traitant de la faire interdire de transport. Manquerait plus qu’on envoie Madame Pimpin pour la remplacer tiens. Connasse.

Bon bah voilà, on dirait le tribunal ici aujourd’hui, c’est merveilleux. Suivant ?

En vrac #19.

Mon œil.

Ca faisait un moment que l’œil de Madame Pimpin n’avait pas fait des siennes. La cicatrice, depuis l’opération de juin, reprenait figure humaine au point que certaines personnes myopes ne la remarquaient pas. L’œil ne pleurait plus pour rien (t’inquiète, pour les J1, les annonces de grossesse et les fausses-couches il marche très bien). Madame Pimpin avait même recommencé occasionnellement à se maquiller, chose qu’elle ne fait pas systématiquement mais qui commençait à lui manquer. Ca c’était jusqu’à hier soir.
Hier soir, la cicatrice a recommencé à tirer et brûler un peu, et une grosse larme reste suspendue presque tout le temps au coin de l’œil de Madame Pimpin. Le dernier RDV postopératoire est prévu pour fin novembre mais Madame Pimpin commence à se dire qu’elle reverra peut-être le sympathique interne d’ici là, et ça ne l’emballe pas. S’il faut concilier traitements de C8 + infection carabinée + antibiotiques de cheval + hosto + gros boulot en perspective, ça va être coton ma bonne dame. Et puis surtout (parce que Madame Pimpin s’en fout dans le fond, que ce soit coton et que son œil lui fasse mal), bien que l’interne et le Docteur Colley ne pensent pas qu’il y ait un rapport, Madame Pimpin se dit que tout de même une grosse infection dans le corps ça ne doit pas franchement envoyer des signaux d’hébergement de qualité aux potentiels ovocytes fécondés qui souhaiteraient séjourner dans les parages. Preuve en est, le premier Hühner, à quelques jours de le dernière crise, faisait état de quelques leucocytes se baladant dans la glaire alors que le dernier n’en a révélé aucun.

DDDJ1.

Mais qu’est ce qu’on s’emmarde en cycle de «pause» forcée. Madame Pimpin tourne en rond, compte mollement les DPO (enfin les DPNO puisque Super Ethynil l’a probablement empêchée d’ovuler). Pour passe le temps, elle commence à penser au J1 et surtout à la surprise qu’il lui réservera, puisque même s’il n’y a aucune chance de TG+ à la clé, il y a quand même de l’enjeu avec ce C8 qui se profile à l’horizon. Si J1 débarque avant le 9, date du RDV avec le Caméléon, on pourra dire au revoir à C8 parce qu’il sera trop tard pour entreprendre quoi que ce soit. S’il arrive après le 9, il va probablement falloir négocier d’arrache pied mais il reste une chance pour tenter une stimulation, ou au moins quelque chose pour améliorer cette satanée glaire. Alors en attendant de savoir quand arrivera le J1, faute de pouvoir deviner la date, Madame Pimpin croise les doigts même si ce n’est pas en vue d’un TG+.

Douleur persistante.

Psychotage ou réalité ? A force de s’écouter en permanence, Madame Pimpin ne sait plus dire si les manifestations de son corps sont bien réelles ou induites par son imagination débordante. Depuis la deuxième grossesse, elle sent ponctuellement une douleur plus ou moins intense du côté droit, entre l’os pelvien et l’ovaire. Ca tire, ça pince, et ça lui avait fait doublement redouter le diagnostic erroné de GEU en mars. La douleur est là, tous les mois, elle revient juste après l’ovulation. Parfois elle est à peine perceptible, parfois elle réveille Madame Pimpin en pleine nuit et s’amplifie, jusqu’à la forcer à se tourner sur le côté pour soulager la tension là-dedans. Dans ces cas-là Madame Pimpin sait que la douleur est réelle. Puis elle disparait et laisse place à la douleur morale du spotting et du J1, et Madame Pimpin l’oublie. Un nouveau cycle commence, et la douleur revient, toujours du même côté. Elle en a déjà parlé au Docteur Colley ainsi qu’au Caméléon qui n’ont pas prêté beaucoup d’attention à ce détail, mais elle se dit que le 9 il faudra insister là-dessus.

Check-list pour le 9.

Avec cette tendance à l’étourderie, voire même à la liquéfaction en présence d’un gynéco (quoique, avec le Caméléon Madame Pimpin se sent moins liquéfiée qu’avec Docteur Colley), il vaut mieux lister les points à aborder le 9 :
– Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? (bon, c’est l’objet du truc, faudrait vraiment être une babate pour oublier de demander).
– Est-ce que le Docteur Taré qui a pratiqué de l’acupuncture et de la mésothérapie pendant un mois sur Madame Pimpin peut être à l’origine des cycles foireux de 24 à 33 jours avec 1 ou 2 semaines de spottings à chaque fois ?
– Ne serait-il pas intéressant de recommencer à prendre de l’acide folique / gynéfam / conceptio, histoire d’optimiser un peu tout ça ?
– C’est quoi cette douleur à droite ? Sûr de sûr, qu’on peut pas tenter d’investiguer côté cause de FC, et tenter une demande de prise en charge ? (tu la vois venir la réponse ?)

Le secret.

Puisqu’autour de Madame Pimpin c’est le festival des femmes enceintes et des jeunes mamans, difficile de ne pas penser énormément à son infertilité en ce moment. Madame Pimpin se sent à l’écart de tout ça, comme à la porte d’un club très sélectif. Une petite phrase prononcée par Docteur Chouette, sa médecin traitante, lui revient en tête. A l’époque où Madame Pimpin n’en était pas encore arrivée à se dire que sans enfants sa vie ne valait pas la peine d’être vécue, elle ne voulait même pas envisager l’allaitement. Docteur Chouette lui avait alors expliqué qu’au-delà des vertus « classiques » de la chose, allaiter permettait aussi de « finaliser » la formation du corps de la femme. A l’époque Madame Pimpin était enceinte pour la première fois et n’avait pas été trop atteinte par cette phrase. Elle se disait qu’à la naissance elle pourrait toujours changer d’avis.
Aujourd’hui la phrase résonne, les mots se chargent d’un sens douloureux. Ca veut dire quoi, ça ? Que tant qu’on n’a pas donné la vie et le sein, on reste comme un enfant ? Inachevée ? Ignare ne partageant pas le statut de Femme avec celles qui sont Mères ? Madame Pimpin trouve ça vachement dur. Ca lui donne le sentiment d’être là, témoin de l’épanouissement de ces femmes autour d’elle, tandis qu’elle reste à la traîne, incomplète jusqu’à nouvel ordre mais vieillissant malgré tout. Comme si ces autres femmes partageaient entre elles un grand secret dont elles excluraient Madame Pimpin. Ca lui rappelle un peu l’époque où ses copines commençaient à avoir des seins, des règles, roulaient des pelles aux garçons, tandis que Madame Pimpin restait en retrait comme un grand échalas maladroit, avec son vélo et ses cabanes dans les arbres.

She’s back.

Elle est revenue. Pouffenceinte a terminé son congé mat’ et Madame Pimpin n’est toujours pas enceinte. Pouffenceinte, qui trouvait que C1 c’était trop tôt pour avoir son bébé mais qui composait avec, se plaint des nuits agitées, de la fatigue, des pleurs du bébé. Connasse. Elle est toujours aussi obèse, elle fume toujours autant, elle est toujours aussi pouf, mais maintenant elle a l’air encore plus condescendante avec son sourire de Joconde quand elle se pavane dans les couloirs. Achevez-moi.

Obsession.

En 2011 les Pimpin se sont mariés, deuxièmes de la bande. Madame OPK avait déjà sa petite fille, Madame Loutre était enceinte mais ne le savait pas encore, la sœur de Madame Pimpin arborait fièrement un ventre de huit mois, petit trois était presque là. Monsieur et Madame Chaton attendaient que bébé chaton se pointe depuis pas mal de temps, sur les photos du mariage ils ont l’air un peu tristes. Ce jour là les Pimpin ont amorcé l’entrée dans la phase d’essais plus qu’actifs. Deux autres mariages se profilaient déjà pour 2012. Madame Pimpin s’est dit au début qu’ils iraient avec le bébé. Puis le bébé a mis du temps à venir. Elle s’est dit ensuite qu’elle irait enceinte, ce que sa première grossesse a semblé confirmer. Puis le bébé est parti et Madame Pimpin s’est dit qu’elle serait à nouveau enceinte même si son ventre ne se verrait pas sur les photos.
Aux mariages de 2012, la première mariée, Madame Ecureuil, a annoncé ses essais pour février 2013 et la deuxième mariée, Madame Souris, a annoncé sa grossesse. Madame Chaton quant à elle allaitait son tout petit. Madame Pimpin a souffert mais s’est dit que 2013 serait son année. Il n’y avait pas de mariage au calendrier. Ca n’a pas empêché que Madame Souris accouche, que Madame Ecureuil tombe enceinte du premier, Madame Chaton du deuxième. Ni que Madame Pimpin perde un autre bébé. En 2014, un nouveau mariage se profile, pour août. La future mariée, Madame Loutre, est déjà Maman. Madame Ecureuil sera accompagnée de son bébé de 6 mois et Madame OPK de sa fille déjà grande. Madame Chaton aura ses deux enfants. Madame Souris sera peut-être en attente du deuxième, peut-être bien comme la future mariée elle-même.
Madame Pimpin essaie de tout son être de ne pas se projeter sur ce mariage de septembre. Elle essaie de ne pas se dire que peut-être elle affichera un gros ventre sur les photos, ou peut-être même elle ne pourra pas aller pour cause d’accouchement, ou peut-être encore, elle aussi ira avec son bébé. C’est difficile de combattre l’espoir mais elle essaie tout ça très fort parce que déjà maintenant, elle sait que rien de tout ça ne sera vérifié. Elle le sent au fond d’elle, que son ventre sera vide, que ses yeux seront très tristes, et qu’elle peut juste se contenter d’espérer qu’une nouvelle fausse-couche ne sera pas venue lui ravir le peu de courage qui lui reste. Mais ce mariage l’obsède, comme s’il s’agissait d’une échéance importante dans sa vie… alors qu’il n’en est rien, finalement.

En vrac #18.

La lettre.

«Madame, je viens de recevoir le résultat de vos analyses qui nécessite que je vous revoie sans urgence en consultation. Merci de prendre contact avec le secrétariat afin de fixer un rendez-vous. Je vous prie de croire, Madame, à l’expression de mes salutations distinguées. Docteur Caméléon.» (signé de sa main et tout)

Ce n’est qu’une lettre type, automatique. Et pourtant, pour Madame Pimpin c’est plus que ça. C’est la première fois de sa vie qu’elle reçoit une lettre de la part d’un médecin. Avec le Docteur Colley, si elle ne pensait pas à prendre son rendez-vous d’une fois sur l’autre pour faire les débriefings, c’était juste tant pis pour sa pomme.

Alors pour la petite histoire, ça a tout de même été un peu la panique à bord, parce qu’hier Madame Pimpin était en déplacement, et c’est Monsieur Pimpin qui l’a avertie de la lettre en lui envoyant une photo du courrier prise avec son portable. Madame Pimpin, pile à ce moment là, était en train de terminer avec brio son 1500m-valise en vue de ne pas rater son avion (qui au final a été annulé, loose un jour : loose toujours). Et Madame Pimpin, dans la précipitation, elle n’a pas lu «sans urgence» elle a lu «en urgence». Je te dis pas l’ambiance, pendant trente secondes.

Finalement, rendez-vous pris pour le 9 octobre, date à laquelle le hühner sera probablement fait. Madame Pimpin n’a pas demandé à parler au Docteur Caméléon, parce qu’elle est forte, parce qu’elle est une grande fille, et parce que «sans urgence» ça veut dire que si c’était cata il aurait mis «en urgence». A noter que le secrétariat ne rigole pas avec les horaires : passé 18h tu peux te brosser, le standard est fermé. Ca, c’est pas pratique quand on a un travail.

Le labo de la Chouette Clinique.

Dans la foulée de sa prise de rendez-vous, Madame Pimpin a commencé à planifier son test de Hühner. Pour le premier test, Docteur Colley avait donné le choix entre la Clinique PMA et le CHU PMA. Elle s’était donc rendue à la Clinique PMA (là où elle ira si elle se décide enfin à consulter en PMA / si son AMH la condamne à passer directement en mode FIV) parce que les étiquettes et tout le tintouin : non merci, et c’était très compliqué d’obtenir un rendez-vous. Limite tu pouvais pas choisir le jour (alors je ne parle même pas de l’heure…), et il fallait fixer la date au cours du cycle précédent sinon pas de RDV. Il s’agissait donc de jouer à DLDDJ1. Devine La Date Du J1. So-fun.

Pour ce deuxième (et espérons dernier, bordel) hühner, le Docteur Caméléon a proposé la Clinique PMA ou bien la Chouette Clinique (celle dans laquelle il consulte). Madame Pimpin a donc commencé par appeler le labo de la Chouette Clinique avec l’espoir (pas bien grand) que ce soit plus simple.

Madame Pimpin : – «Bonjour, je vous appelle concernant mon test de huhner à faire au prochain cycle, mais je n’aurai la date exacte qu’au prochain J1 et j’ignore quand il arrivera. Comment êtes-vous organisés pour ce genre de choses ?»
Secrétaire : – «Le test ou vous devez boire du sucre ?»
MP : -«Ca commence bien, grmpfff, ta gueule, je préfèrerais figure toi non, un huhner.»
S : – «un QUOi ? Je ne vous entend pas !»
MP (ton irrité, voix forte) : – «Un H-U-H-N-E-R !» (faut croire qu’à chaque fois qu’il s’agit de dire des choses embarrassantes au bureau, les secrétaires n’entendent rien).
Madame Pie depuis son bureau relève la tête (aucune chance qu’elle sache ce que c’est qu’un huhner).
MP (ton désolé, voix basse) : «Excusez-moi je suis au bureau, ce n’est pas simple.»
S : – «Ah oui un huhner, pardon c’est moi qui m’excuse, pas simple au bureau en effet. Alors ne vous inquiétez pas : vous nous appelez la veille, et on s’arrange pour que le biologiste soit là le jour J dans le créneau horaire qui vous arrange le plus.»

Autant ça commençait pas fort, autant en raccrochant Madame Pimpin aurait embrassé les pieds de la dame. Enfin un peu de cohérence dans tout ce merdier. Les Pimpin attendent donc de connaître la date du J1 pour poser l’après-midi du J13 en vue du combo Poney-Huhner, parce que forniquer à 6 heures du matin avant d’aller bosser et enchaîner sur une pause-dèj dédiée au Huhner : never again (même si la dernière fois ça avait donné la Petite Chose, va savoir si c’est pas cette conception atroce et forcée qui lui aurait ôté le goût de la vie…)

Goodbye Old Friend.

Et voilà, c’est fini. Madame Pimpin ne pensait pas réussir à s’en affranchir aussi vite. Elle pensait qu’il lui aurait été nécessaire de lui consacrer un post entier avant d’en finir. Elle se disait que ce serait dur. Ca a été facile. Elle se disait qu’elle serait triste. Elle est soulagée. Elle se disait qu’elle se sentirait coupable. Elle se dit juste que lui, devrait se sentir coupable. Non Madame Pimpin n’a pas quitté Monsieur Pimpin, elle n’a pas non plus euthanasié Le Chat. Ce matin, après avoir appelé la Chouette Clinique à propos du Huhner, Madame Pimpin a annulé le rendez-vous qu’elle devait avoir ce soir avec le Docteur Colley. Quand la secrétaire (qui ne la reconnait plus) lui a demandé à quelle date Madame Pimpin souhaitait décaler, elle a juste répondu que ce ne serait pas nécessaire, et a remercié d’une voix souriante.

Point Bonnes Résolutions – AMH friendly.

Madame Pimpin a écrasé sa dernière cigarette dimanche. Sauf qu’elle a fumé une cigarette lundi soir après le boulot, une fois les courses de la semaine rangées dans le frigo, à l’heure où d’habitude c’est apéro-clopes. Puis une à la même heure, mardi en déplacement. Et deux hier soir tard, avec Monsieur Pimpin sur la terrasse (en devisant d’un sujet épineux : BM), quand après deux jours de réunions-Gougniafiers à Grande Ville et un avion annulé elle a enfin réussi à regagner son logis. Alors c’est pas bien, on est d’accord. Mais quatre clopes en trois jours, c’est pas la mort et ça aide à tenir toute la journée qui va suivre. Et puis en parallèle, Madame Pimpin n’a mangé ni frites ni pizza à la cantine ou au restau en une semaine de boulot dont deux jours de dép’ (sa peau l’en remercie déjà), et ce week end c’est footing samedi + vélo dimanche. Et si rien que ce rythme là pouvait tenir 3 mois, ça aiderait déjà probablement pas mal ses hormones. Donc, ne nous fustigeons pas. Soyons contents soyons confiants : on tient le bon bout.

D’autre part, pour éviter toute tentation en soirée ET pour définitivement empêcher ses copines et ses parents de scruter sa consommation d’alcool en vue d’un scoop-grossesse (rien de plus agaçant quand on est infertile) Madame Pimpin va leur expliquer qu’elle ne boit plus et ne fume plus rapport à ses hormones pas top. C’est peut-être un peu extrapolé mais c’est la paix assurée, de toutes manières ils n’y comprennent rien tous autant qu’ils sont, et quel plaisir ce sera de ne pas se faire griller avant 3-4 mois le jour où (si) ça remarche… Mouahahahaha. Seule Madame Poulette est au courant de la version non extrapolée. Ca tombe bien, elle est la seule à n’avoir jamais proféré de mongolités à propos de l’infertilité.

Bonus :

Tu connais la dernière blague de la rentrée, à la Grande Boîte, en ces jours de préparation aux entretiens de mi-année ?

Entendue par hasard entre deux portes, chez des gens du même service que Madame Chacal :

«Eh Bébert, paraît que Madame Chacal a demandé à faire ajouter à son plan de formation le module «communiquer avec ses collègues» Mouahahaha !»

Parce que parfois, écouter aux portes vous procure des moments de joie, des friandises de la vie qui vous consolent : soyons des fouines.

En vrac #17.

Le TG- qui ne faisait pas venir le J1.

Par dépit, ne voyant pas venir le J1 à J29 après des épisodes intermittents de spotting depuis J13 (ça ne s’améliore pas), Madame Pimpin a dégainé son tout dernier TG Simply Marde. Conformément à la logique implacable de la loose et des statistiques, une seule barre s’est affichée. Madame Pimpin n’est pas tellement déçue (au bout d’un moment, la déception ça devient has been), et ne s’attendait pas à autre chose (au bout d’un moment on s’habitue à la loose, c’est pas moi qui vais te l’apprendre). A la rigueur, elle s’inquiète juste un peu que ce TG de marde n’ait pas fait venir J1 dans la foulée (mais c’est pas comme si c’était le quatrième mois consécutif de festival du grand n’importe quoi dans l’utérus Pimpinesque). En revanche, un TG+, au delà de tout ce qu’il pouvait signifier, aurait grandement simplifié l’existence de Madame Pimpin pour les jours à venir. Ce qui nous conduit au point suivant.

Le retour de l’écureuil.

Comme tu sais, Madame Ecureuil a commencé ses « essais bébé » il y a 6 mois, est tombée enceinte il y a 5 mois, et a subi la dure épreuve d’une fausse-couche il y a 2 mois. Les dernières nouvelles à ce sujet se trouvent ici. Il se trouve que Madame Ecureuil est de passage à Village Sur Mer. Il se trouve que demain, les Ecureuil dînent chez les Pimpin, et que vendredi c’est soirée gonzes. Il se trouve que Madame Pimpin, en parallèle, a reçu le sms suivant de la part de son amie :

« Madame Pimpin, je sais qu’on se voit déjà jeudi et vendredi mais j’aimerais bien qu’on puisse se caler un moment toutes les deux avant mon départ ».

Madame Pimpin arpentera donc les rues du marché de Village Sur Mer dimanche matin en compagnie de son amie. En attendant, son cerveau surchauffe. Après la découverte du bébé des cousins, après l’annonce de la grossesse de Madame Chaton, Madame Pimpin a l’impression que le principe de ces vacances, c’est « 1 semaine, 1 annonce ». Elle s’attend donc à ne servir que du jus d’orange à Madame Ecureuil demain soir. Au lendemain d’un TG- ça pique, quand même. Alors c’est sûr que c’est une nouvelle réjouissante et que Madame Pimpin sera contente que son amie soit vite consolée de son malheur. Mais Madame Pimpin est une connasse et elle préfèrerait être consolée elle-même de sa propre loose. Après, peut-être que tout ça ne sont que des élucubrations à deux sous. Peut-être que Madame Ecureuil a besoin de parler de ce qui lui est arrivé, après tout peu de personnes le savent. Peut-être qu’elle veut parler de tout autre chose. Peut-être qu’elle a grillé le blog de cette commère de Madame Pimpin, et qu’elle a l’intention de l’engueuler pour avoir raconté son secret sur internet. On ne le saura que dimanche, sauf si le sixième sens de Madame Pimpin a encore tapé dans le mille, auquel cas le jus d’orange de demain soir risque de lui mettre le cerveau en marmelade et de la faire replonger dans le rosé. Alors voilà. Oui ce serait une bonne nouvelle, et oui le TG- de ce matin était prévisible. Mais on est une connasse ou on ne l’est pas, et Madame Pimpin a choisi son camp : tout ça lui donne la nausée pour de mauvaises raisons.

Man’s Man’s world.

James Brown disait que ce monde d’homme ne serait rien sans les femmes. Il n’a pas tort mais bon, l’inverse est vrai aussi. D’ailleurs aujourd’hui Madame Pimpin veut leur rendre hommage, aux hommes… Parce qu’elle leur doit une fière chandelle. Depuis longtemps, elle se trouve souvent plus à l’aise avec eux qu’avec les femmes. C’est pour cette raison que pendant les repas de famille, Madame Pimpin se retrouve bien souvent à siroter un petit verre de cognac en fumant avec les hommes de la famille, plutôt qu’à s’expédier un pisse-mémé en jouant au scrabble. C’est pour cette raison qu’elle a pris, très jeune, la décision de s’orienter vers un domaine professionnel très masculin parce que même si certains sont de vils gougniafiers, les crêpages de chignons entre collègues, c’est bien souvent le lot des gonzesses (d’ailleurs elle en a déjà fait les frais et on ne l’y reprendra plus).

Depuis qu’elle a découvert son infertilité, Madame Pimpin, en soirée, esquive de plus en plus souvent les autres femmes et préfère mille fois la compagnie des hommes. On ne parle pas de couches avec les hommes, ou alors très peu et c’est très drôle. On n’annonce pas des « essais bébés », parmi les hommes, et on ne scrute pas le verre de son voisin pour savoir s’il s’est fait féconder le boule. Les hommes parlent de leur boulot et pas de leurs congés mat’, de leurs bagnoles et pas de poussettes, et de plus en plus, Madame Pimpin trouve refuge auprès d’eux. Ne sois pas fâchée, copine qui lit ce blog. Je suis sûre qu’à toi aussi il est déjà arrivé que tu quittes une conversation trop portée sur les utérus des unes et des autres pour aller t’assurer que les hommes s’en sortent autour du barbecue. Mais toi l’homme qui ne lis sûrement pas ces pages, Madame Pimpin te remercie d’être là dans sa vie, de tout son coeur. Tu lui es essentiel, comme une petite bouffée d’air frais dans un monde de patchouli.

 

En vrac #16.

Vivre avec un LOLCAT.

Madame Pimpin n’a pas d’enfants, certes. Mais elle a un vieux Chat tout dodu, qui la console toujours du mieux qu’il peut en cas de coup dur, TG- et autres J1 et petits cadeaux de la nature. Le Chat a la particularité de toujours sembler vouloir péter plus haut que son boule. Quand il traverse le jardin, il emprunte le port altier de la reine d’Angleterre (à ses heures de gloires). Quand on lui propose une marque de croquettes un peu cheap, il se contente de la regarder d’un œil dédaigneux sans même s’approcher, et peut rester trois jours sans manger (tu me diras il a de la marge). Quand Monsieur et Madame Pimpin invitent des gens qui ne correspondent pas au standing du Chat (suivant ses propres critères), il les toise du haut de son escalier, l’air mauvais, puis leur tourne le dos bien ostensiblement. Cette attitude de connard guindé un peu snobinarde ne rend que plus hilarantes ses multiples gaffes, car le Chat parvient à ses dépends à se rendre parfois bien clowmesque. Comme l’autre jour, après le TG-. Madame Pimpin s’est rendue sur sa petite crique pour se défouler au mille mètres nage en eau glacée. Quand elle est rentrée, elle a posé sa serviette sur une chaise et a libéré le fauve, pensant qu’il serait ravi de prendre l’air après une journée enfermée (le Chat est privé de sortie quand Madame Pimpin est au travail car il n’est pas autonome). En apercevant la serviette de bain flotter au vent, le Chat a du s’imaginer qu’il s’agissait au moins de la bête du Gévaudan. Pris de peur, il battu en retrait et s’est réfugié dans la cuisine, le poil hérissé, la queue en panache, en posture de défense. Madame Pimpin a voulu insister un peu, il faisait beau, c’était dommage. Elle a pris le Chat sous le bras et l’a ramené dans le jardin. Sauf qu’il avait toujours peur. Et que soudain, contre sa jambe, elle a senti quelque chose de chaud qui puait un peu. Ouais mon chat se pisse dessus quand il voit une serviette de bain. Tout humilié, il est rentré se cacher dans la maison, pour ne ressortir qu’à la nuit tombée, en mode furtif, pour attaquer la pauvre serviette repliée proprement sur la chaise. Si ça c’est pas un chat cromeugnon qui veut faire rigoler sa moman pour lui remonter le moral…

It’s MY beach, bitch.

Toujours sur la petite crique (beaucoup de scènes de la vie de Madame Pimpin se déroulent désormais sur cette crique où elle passe le plus de temps possible dès qu’elle n’est pas au travail, parce que cet endroit lui fait du bien au moral, et parce qu’elle s’y sent bien, et parce que jamais personne ne vient l’y déranger), supposément déserte car l’accès est difficile, Madame Pimpin nageait tranquillement vers le soleil, seule avec les mouettes, et quelques bateaux au loin. Quand elle a fait demi-tour pour regagner le rivage, elle les a repérés, de loin, au bord de l’eau. La famille parfaite. Un père, une mère, et un bébé qui commençait à apprendre à marcher. Un bébé qui avait très exactement l’air d’avoir l’âge du bébé que Monsieur et Madame Pimpin auraient eu si DNLP n’avait pas foutu le merdier dans leur vie en 2012. En s’approchant, Madame Pimpin a vu que ce bébé était une petite fille, toute potelée sous son petit bob, pataugeant dans un minuscule maillot une pièce. Le cœur de Madame Pimpin était déjà bien gros, en voyant cette famille mais elle faisait un effort pour lutter contre cette jalousie (croissante, me semble-il… on ne se bonifie pas avec le temps, chez Madame Pimpin). En sortant de l’eau, elle leur a dit bonjour parce qu’on est polis à Village Sur Mer, et que pour venir sur cette crique ils doivent habiter dans le coin. Et le papa a dit « dis bonjour, Léa. », la petite Léa a secoué sa petite main, et Madame Pimpin est allée étouffer ses grosses larmes salées ailleurs, en pensant à SA Léa. Depuis, elle envisage de planter des panneaux « propriété privée » /« attention au chien » / « attention aux mines antipersonnel » et d’enrouler des barbelés tout autour de sa plage.

La chasse au trésor.

La recherche de l’élu, celui qui aura le privilège de scruter l’intérieur de Madame Pimpin, a officiellement commencé. En fait, un nom s’est immédiatement imposé dans son esprit, celui de la jeune et merveilleuse gynéco qui l’avait examinée après l’injection de méthotrexate, et avait découvert (trop tard) grâce à son matériel dernier cri que la Petite Chose, suspectée par les autres gynécos d’être logée dans une trompe, était en fait dans son utérus. Madame Pimpin a donc décroché son téléphone hier soir et a appelé le secrétariat.

– Madame Pimpin : « bonjour Madame, je vous appelle pour prendre rendez-vous avec le Docteur Merveilleuse, si possible début septembre. »

– Secrétaire Connasse : « Euh, nan mais LOL quoi. Septembre 2014 alors. »

– MP : « … »

– SC : « C’est pour quel motif ? » [bah fallait peut-être commencer par ça connasse, avant de loler. Ca aurait pu être pour un motif dramatique]

– MP : « Arrêt pilule en mai 2010, fc2012, fc213. Je m’interroge et je n’attendrai pas un an. »

– SC : « OK. Alors en effet on va se débrouiller. Par contre le Docteur Merveilleuse ne pourra pas vous prendre, elle est enceinte et elle accouche fin octobre lolilol je vous mets donc avec le Docteur Inconnue, elle est jeune, elle est très bien et nous rejoint en septembre. »

OK. Donc Docteur Merveilleuse, quand elle nous a sorti son speach sur « arrêtez de stresser, vous êtes dans les temps suffit de patienter, vous allez y arriver », elle était déjà perchée sur le petit nuage rose du TG+, puisqu’elles ont du apprendre leur grossesse à peu près en même temps pour des DPA espacées d’une semaine à peine (Merci la secrétaire pour ces précisions. Mais bordel, quand vont-elles apprendre à avoir du tact???). Well well well. On est bien d’accord, elle a bien le droit d’être enceinte la Docteur Merveilleuse. Mais ça fait un petit choc tout de même. Alors va pour la Docteur Inconnue, Madame Pimpin veut tester une gynéco femme et a aussi porté son choix sur ce cabinet parce qu’il est équipé de matos high tech (qui aurait permis d’éviter l’injection de MTX en mars, et donné plus de chances à la Petite Chose). Et aussi parce qu’il est intégré à la clinique où un jour enfin elle espère donner la vie. En parallèle on conserve le RDV avec le Docteur Colley, des fois que ça se passe mal. Et si ça se passe très mal, Madame Pimpin ira toquer à la porte de la PMA. Quitte à être suivie de loin par un médecin froid (comme l’a souligné Nejdah dans les coms du précédent article) autant que ce soit un spécialiste. Et si le suivi se poursuit en gynéco de ville, le critère absolu sera l’aspect humain et le matos. Dans l’état actuel des choses, Madame Pimpin (pauvre chochotte) se sent trop bousillée pour continuer sans un médecin qui la soutienne. Et quoi qu’il en soit, le premier step sera celui des examens, et pour les traitements ou les IAC on verra en fonction. On en est à FC+5 mois, statistiquement Madame Pimpin devrait se refaire féconder le boule naturellement d’ici décembre – janvier (soyons présomptueux, on s’en bouffera les doigts plus tard), si ce n’est pas le cas et que les examens n’ont rien donné d’ici là, il sera temps de prendre la main médicalement. Bref, ça déborde, la stratégie PMesque n’était pas l’objet de cet article, la nouvelle version du plan d’action est prévue pour le mois prochain, s’appuyant sur toutes les infos collectées auprès des gentilles coupinautes au sujet des FCR.

PS : au fait, ça y est, on a passé le J2. Suffisait d’enchaîner une journée d’entretiens bien chiadés pour faire venir le vrai J1 et son lot de douleurs. Message personnel : SPASFON, JE T’AIME.

En vrac #15.

Pub de Marde.

Depuis quelques jours, dès que Madame Pimpin se connecte sur Youtube, avant de pouvoir visionner n’importe quelle vidéo, leur service marketing lui inflige trente secondes de pub P*mpers. Alors bien sûr, ce n’est pas le seul canal par lequel on lui colle des chiards sous le nez. Bien sûr, Youtube ne s’évertue pas à la faire chier personnellement, ELLE. Mais ça commence à bien faire. Cher Youtube. Je t’aime vraiment beaucoup, et je suis bien d’accord, pour vivre tu as besoin de te prostituer faire un peu de commerce. Mais bordel, je sais pas moi, tu peux nous vendre des bagnoles, du fromage, des pompes, ce que tu veux. Sauf des bébés. Capito ?

What’s next ?

Madame Pimpin s’est absentée trois jours de la sphère bloguesque. Tu ne t’en es peut-être pas rendue compte hein, elle a fait ça discrètement. En fait c’est parce qu’elle était malade, c’est pas mal ça un arrêt maladie à l’intérieur d’un arrêt maladie. Au cours de ses seules sorties autorisées à la pharmacie de Village Sur Mer (ouh lala, trop glamour !) elle a réussi à se choper une bonne vieille gastro des familles. Et je peux te dire que ça fait super mal à la gueule, une gastro, quand tu as une cicatrice en pleine reconstruction sur le visage. Chère DNLP. Juste pour te dire que je suis toujours en vie. Tu n’as pas réussi à me faire crever. Et je peux te dire que quoi que tu aies d’autre en réserve pour moi (grippe, angine, bras cassé ou autre) tu peux t’accrocher ma vieille. Madame Pimpin va pas se laisser faire. OK dude ?

Le bon plan de l’année.

Il y a dix-huit mois, Madame Pimpin était en essais depuis six mois. Et elle était morte d’angoisse à l’idée de ne pas encore avoir réussi à se reproduire (LOL). Comme l’idée de se débarrasser définitivement de ses poils lui trottait depuis longtemps dans la tête, et comme l’épilation à la lumière pulsée n’est pas un truc très compatible avec la grossesse, Madame Pimpin s’est dit « peste soit la patience, faisons le quand même, ça fera venir le mouflet et je serai bien assez tôt de suspendre mon forfait pendant 9 mois, le temps de le pondre ». (RE-LOL). Le lendemain, elle se délestait donc de la modique et approximative somme de 1000 boules, rédigeant un magnifique chèque à l’ordre de son esthéticienne. Ou plutôt dix chèque (le mode de paiement a son importance dans cette histoire). Deux séances et un mois plus tard, Madame Pimpin faisait virer un TG+. (RE-RE-LOL). Elle s’est dit chouette, je vais reprendre dans 9 mois, j’aurai tout payé ce sera comme gratuit, hihihi. Bah nan. Trois mois plus tard, son compte en banque s’allégeait tous les mois de 100 boules, son ventre était à nouveau vide, sa pilosité était repartie comme en 40 (merci les hormones) et elle n’avait pas la force de stopper cette hémorragie de flouze. D’autant que ses séances, elle ne voulait pas les reprendre vu qu’elle allait retomber très vite enceinte (RE-RE-RE-LOL). Bah nan. C’est comme ça que Madame Pimpin, au bout de dix-huit mois, s’est retrouvée allégée de 1000 boules, à la tête d’une belle famille de deux foetus morts, un hérisson dans la culotte et deux autres plus petits sous les bras (I’m your Venus, I’m your fire, your Hérisson). Il lui a fallu une volonté de malade (et une dignité plus bas que terre) pour aller plaider sa cause chez l’esthéticienne, lui expliquer la raison de sa disparition, et lui demander de faire quelque chose avec tout cet argent payé pour rien. Et ça en valait la peine, puisque Madame Pimpin est aujourd’hui l’heureuse bénéficiaire d’un crédit à faire pâlir Kim Kardashian chez son esthéticienne. Un open bar de 892 euros dans un institut de beauté, c’est pas du bon plan ça ? Chers hérissons, je vous ai jalousement entretenus pendant un an et demi, et aujourd’hui j’ai le grand plaisir de vous annoncer que vous êtes virés. Bye bye les hérissons.

Le classement de la honte.

Il est fraîchement publié sur Bamp, qui relaie l’édition de l’Express :  le classement des centres de FIV. On ne dévoilera pas ici la localisation géographique de Madame Pimpin, mais sache que les centres de PMA de Village su Mer apparaissent dans le dernier tiers. Avec moins de 15% de réussite. 15% c’est à peine au dessus du taux de grossesse de Madame Pimpin toute seule dans la nature. Alors est-ce que ça vaut vraiment la peine d’aller se martyriser le body en PMA, d’avoir affaire à des nouveaux médecins, plus froids les uns que les autres, de risquer un enchaînement d’échecs pas plus reluisants que ce qu’on aurait pu obtenir sans subir tout ça… C’est une question qui trotte dans la tête de Madame Pimpin depuis le jour où elle a pris connaissance de ces stats. Elle développera le sujet plus tard, parce que la consultation chez sa psy-hypnothérapeute-naturothérapeute a par hasard soulevé la même question au même moment. Cher Président de Village Sur Mer. Depuis quelques années tu t’évertues à dépenser un gros paquet de pognon pour rendre belle une ville dont la beauté ne réside que dans la laideur. Tu t’évertues à investir un paquet de pognon dans des infrastructures dont on peur remettre en question l’utilité (sérieusement ? un zénith dans le trou du cul du monde ?). Ne pourrais-tu pas utiliser un peu de ce brillant pognon (qui est un peu le mien, sauf ton respect, cher Président) pour donner des moyens aux centres de PMA de ton petit royaume, histoire d’aider tes braves serfs à en peupler les rues, en utiliser les services, en apprécier la beauté ? Bien cordialement, Madame Pimpin.

Le citronnier.

Madame Pimpin t’avait raconté par l’histoire de son citronnier. Depuis, elle se désespère de ne pas le voir grandir ni fleurir, il se contentait de mollement faire pousser quelques éternels bourgeons. Et bien maintenant, c’est parti. Preuve à l’appui, il y a des fleurs dans le citronnier et plein de nouvelles feuilles qui poussent. Madame Pimpin est contente car ce n’était pas arrivé depuis un an et demie. Le citronnier était arrivé là en mars l’année dernière, équipé de gros citrons, de fleurs, et de belles feuilles (m’est avis qu’on l’avait un peu piqué au Gonal, mais bon ça n’engage que moi). Et depuis, épuisé, il semblait végéter. Héhé, regarde moi ça :

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Cher citronnier. Je t’aime.

L’art de l’esquive.

Pour finir, une petite vidéo. L’autre jour, Madame Pimpin agonisait sur son canapé, télé allumée. Elle ne la regardait que d’un oeil distrait, pourtant le film était plutôt à son goût (miam, la casting), il s’agissait d’Ocean Twelve. A la fin du film, la musique l’a sortie de sa torpeur. Cette musique lui disait quelque chose de fort (pas seulement pour avoir déjà vu le film) (pas seulement parce qu’à l’époque où elle apprenait essayait d’apprendre le breakdance, elle avait dansé là dessus)… Cette musique était en train de lui redonner la patate, dis donc. Elle a ouvert un oeil, et a revu la scène où le Renard explique comment il a réussi à passer au travers du champ de laser. C’est BEAU ! Et ça comme ça que Madame Pimpin a envie de traverser la vie malgré les foutus lasers que DNLP essaie de lui coller dans les pattes. Un par un, les lasers. Par dessus, par dessous. Souplement. En espérant finir par une petite pirouette insolente, dans ta face DNLP. Cher lecteur. Excuse moi d’avance si cet abruti de Youtube te balance une pub pour P*ampers à la lecture de cette vidéo. Bisoubisou.

En vrac #14.

Question de poids.

Ca fait à peu près un an que Madame Pimpin se voit enfler comme une barrique, de façon pas forcément linéaire et avec des périodes d’accalmies, mais toujours avec la sensation de persévérer dans le sens du gras. Quand elle est passée aux stimulations en octobre, ça a carrément empiré. Et l’hiver passé dans la tourmente a achevé de faire d’elle une petite saucisse grassouillette. Alors quand ce con d’acupuncteur lui a proposé de lui faire des injections pour évacuer une partie de son gras, et qu’il s’est mis à la chambrer sur ses bourrelets, Madame Pimpin n’a pas trop mouffeté.
Sauf que sur la balance de la visite médicale mercredi, ne s’est affiché qu’un 1,5kg en plus depuis l’année dernière (ouais Madame Pimpin ne s’était pas pesée depuis un an). Alors c’est vrai que le ventre de Madame Pimpin est un peu mou, et un peu plus enrobé qu’avant. Mais ta gueule connard, c’est moindre mal, et même si ça prouve que Madame Pimpin ne se voit qu’à travers un écran déformant, elle est quand même bonnasse bien conservée pour une vieille cougar de 30 ans.

On n’arrête pas le progrès.

Qu’elle est belle la vague de + sur la blogo, et que c’est chouette de voir les copines monter dans le train (et y rester de préférence). Madame Pimpin est une grosse jalouse et figure toi que ça se répercute aussi physiquement ! A un tel point que le corps de Madame Pimpin, ne parvenant pas à intégrer que non, lui, il n’est pas dans le train, il se met à délirer sérieusement. Dis bonjour aux symptômes de grossesse, aux seins qui font mal, à l’utérus qui tire, et même, cherry on the cake, aux nausées matinales ! Là tu te dis que ce n’est pas la première fois que Madame Pimpin se fait des films (c’est pas comme si ça lui arrivait chaque mois en DPO… ah ben si, justement !).
La nouveauté de ce C3, pour fêter les deux ans d’acharnement essais, c’est que les symptômes sont apparus… Avant les DPO ! On perd pas de temps chez les Pimpins ! Voilà comment Madame Pimpin s’est égarée sur doctissimo hier soir, et s’est mise à taper (en cachette de Monsieur Pimpin et en effaçant l’historique) [règles normales + grossesse], [retard de règles + tg- + symptômes + règles + grossesse] et autres équations improbables (comme doctissimo est bien aimable, il lui en a trouvé, des exemples). A la fin, google lui a répondu [bécasse + mongolisation + tarée = madamepimpin]. Vlan.

Projet College Girl.

Fin janvier, lors de son entretien annuel, Madame Pimpin s’est enfin vue attribuer la récompense professionnelle qu’elle attendait depuis des lustres : the formation qui lui permettrait d’accéder à la rémunération et à l’évolution pro qui correspondent à son poste (pour le moment elle est à moitié clandestine). Puis il y a eu tu sais quoi en mars, et depuis Madame Pimpin occultait inconsciemment le sujet formation. Ca fait donc 3 mois qu’elle repousse le rendez-vous avec les RH. Quand une amie hier lui a demandé où en était ce grand chantier (deux ans de formation continue) elle a compris pourquoi elle avait mis ce sujet en stand by. C’est cette impression de trahir sa cause et sa «bataille», qui la freine et l’empêche de se projeter. Comme si envisager d’être en formation pour deux ans revenait à renoncer à la possibilité de devenir maman dans l’intervalle. Cette réflexion-piège, Madame Pimpin l’avait déjà déjouée en janvier. En mode fuck les RH, on n’a qu’une vie, ce sera priorité au bébé et tant pis pour la formation, mais un tien vaut mieux que deux tu l’auras bla bla bla.
Et tu vois, on fait pas gaffe pendant trois mois et hop, envolées les belles résolutions. Madame Pimpin s’est donc ressaisie hier, elle a décroché son téléphone pour le prendre ce putain de rendez-vous, et elle voit la RH tout à l’heure. On est pas au bout du chemin, mais on recommence à avancer.

Nan mais souris, Madame Souris.

Monsieur et Madame Souris sont abonnés absents. A la naissance de leur bébé, qui n’est pas tombée au moment le plus heureux de la vie des Pimpins (fin mars), il a tout de même fallu manifester un peu de joie. SMS le jour même, coup de fil en mode guimauve le lendemain, Madame Pimpin a fait un effort surhumain pour prendre le téléphone. Et finalement ça n’a pas été si dur. En revanche, aller voir le bébé tout de suite, c’était dur. Monsieur et Madame Pimpin ont donc laissé passé un mois (Monsieur Pimpin était absent, le bon pretexte) en se disant que ce n’était pas dramatique, et puis que les Souris devaient aussi être un peu fatigués, un peu en train de prendre leurs marques, ce n’était pas un drame de ne pas leur sauter dessus a.s.a.p.
Passé ce mois, il y a eu la douloureuse descente chez A*bert pour acheter le cadeau, et de nombreuses tentatives de la part des Pimpins pour contacter les Souris. Et force est de constater qu’ils font la gueule, la seule raison envisageable étant que les Pimpins ne se soient pas précipités au chevet du nouveau-né. Pour un couple qui a aussi vécu une fausse-couche, Madame Pimpin trouve ça moyen sympa. Mais il faut croire qu’ils n’ont pas compris : les sms restent la plupart du temps sans réponse, les mails idem, et les propositions de visites sont toutes déclinées pour des prétextes incongrus (nan ce week-end on peut pas on tond la pelouse = ça va, t’habites pas sur un golf non plus…).
Bref, c’est vexant, blessant, humiliant, après avoir fait autant d’efforts pour rester zen à l’annonce fracassante de la grossesse, avoir continué d’entretenir le lien pendant les huit mois qui ont suivi, avoir toléré le fait qu’ils ne prennent pas de nouvelles pendant et après fc2 rapport au fait que ça pouvait être gênant (Monsieur Pimpin le leur avait dit), Madame Pimpin s’attendait à un peu plus de respect. Faire la gueule pour ça et laisser les Pimpins comme des cons avec leur sac de petits habits A*bert qui fait mal et qui n’est pas près de leur servir dans la bagnole, c’est un peu dur à avaler. C’est pas tant pour la somme dépensée, Madame Pimpin sait déjà à qui reviendra le sac et ça lui fait plaisir. C’est surtout pour le manque de considération, le temps et l’énergie dépensés à faire des efforts… Pour rien. Bravo les copains.

En vrac #13.

En vrac, pas comme d’habitude. En vrac, la structure de cet article car Madame Pimpin ne sait pas par quel bout le commencer. En vrac, le moral. Madame Pimpin a hésité plusieurs jours avant de terminer de l’écrire tellement il n’y a rien de joli à voir dedans. Mais quand la détresse est présente partout à l’intérieur, quand elle est si forte qu’on a même peur d’en parler à ses proches, il faut quand même bien que ça sorte d’une façon ou d’une autre.

Madame Pimpin avait pensé que le plus dur serait de dépasser cette fausse couche. Que plus le temps l’en éloignerait, plus elle se sentirait revivre. Armée de toute sa bonne volonté, elle a recommencé à voir du monde, à rigoler fort, à prendre l’apéro, à faire la bravache. Elle a rentré la tête sous la grêle des annonces de grossesses – 6 en tout «IRL», en se disant que plus rien ne pouvait l’atteindre et que son tour viendrait bientôt. Quand on vient d’affronter la plus horrible de ses peurs, celle de revivre l’insupportable perte d’une grossesse, on se sent paradoxalement invincible comme si plus rien ne pouvait arriver de grave ou douloureux, comme une anesthésie. Puis il y a eu la fin de C1.

Tu penses bien qu’après deux ans d’attente, deux grossesses arrêtées espacées d’un an, toute personne normalement constituée voit son J1 de C1 post FC arriver avec philosophie et résignation. Ben nan. Pas Madame Pimpin, qui se disait naïvement que la loose était peut-être terminée. Son bel optimisme, l’arme qu’elle s’était forgée pendant quatre semaines, s’est retourné contre elle et l’a fait tomber de haut. Chaque petit argument qu’elle avait précieusement collé dans son album de belles images est revenu la frapper de plein fouet. A force de se dire qu’une grossesse spontanée était possible, à force de se dire qu’elle n’avait pas de problème, à force d’avoir rationalisé les choses au maximum, elle a fini par réussir à se convaincre. Et Bim, le J1 dans ta face.

A partir de ce moment là, Madame Pimpin a commencé à sentir la résistance qui s’opposait à ses mouvements. Comme quand tu essaies d’entrer dans la mer en courant. Les premiers pas sont faciles, galvanisants. Puis tu as de l’eau jusqu’aux chevilles, tu commences à sentir le froid vriller tes os, mais tu continues. L’eau t’arrive ensuite aux genoux, entrave ta course, tu ralentis. Mais tu continues. A mi-cuisses, tu sens que tu n’avances plus qu’au prix d’un gros effort. Tu commences à te demander ce que tu fous là, glacée jusqu’aux os, stoppée en plein élan, et à ce moment là tu te manges une déferlante en pleine gueule, gratos. Merci le J1. Mais ça passe alors tu avances encore un peu. Combien de temps va-t il falloir continuer à se peler les miches dans une mer déchaînée ?

Bref, Madame Pimpin n’a pas kiffé son J1. Mais elle s’est dit «allons mon enfant, c’est de bonne guerre, disons que ton corps n’es pas tout à fait remis, blablabla» (tu noteras la persistance de ce putain d’optimisme). Et on est repartis sur C2 la fleur au fusil, un peu de traviole. Le soleil s’est vraiment mis à briller, jetant des touches de couleurs dans le noir et blanc, Madame Pimpin a noyé son chagrin dans le shopping et les glaces en terrasse, elle s’est dit que bordel, une ovulation prévue le jour de ses trente ans ça ne pourrait qu’être un bon signe. Ils ont donc fait péter le champ’ et sorti le Preseed de son emballage. Comme une bonne petite bécasse, Madame Pimpin a beaucoup misé sur ce C2. Ce trentième anniversaire elle le regardait de loin à Noël, et se disait pour se remonter le moral que rendu là qui sait, ça l’aurait peut-être fait. Et ça aurait pu être vrai. Madame Pimpin a donc continué d’avancer dans l’eau glacée. Elle a rentré un peu plus la tête sous la grêle des annonces de grossesses. Une de plus IRL, et une sacrément redoutable. Elle a constaté que la déferlante de + continuait sur la blogo, et s’est tristement rendue compte que même pour les copines de la blogo elle ne parvenait vraiment plus à se réjouir comme avant. Mais Madame Pimpin a continué de se dire que ça allait le faire, qu’elle gérait la crise, que la pause était un fabuleux bienfait et qu’elle en sortirait reposée, apaisée, et peut-être enceinte LOL.

Et le temps est redevenu à chier. Et il a fallu rentrer chez Aubert pour acheter le cadeau de naissance du Bébé Souris. Il a fallu écumer les rayons, comparer les jolis petits habits, caresser les doudous, lorgner les poussettes. Il a fallu que le magasin soit blindé de femmes enceintes, que la vendeuse mette vingt minutes à daigner ouvrir sa caisse, vingt minutes de supplice à contempler les mines épanouies, les regards attendris des futurs papas, les mains qui se posent sur un ventre arrondi, mais que faire après tout c’est leur repère à elles, fallait être bien conne pour aller se fourrer volontairement dans leur antre de guimauve en forme de coeur. Et C2 s’est terminé par du spotting dès 10 DPO. Un C2 tout pourri qui déconne grave. C’est comme l’année dernière après FC1. Ca veut dire que même pour la perte d’une si Petite Chose, le corps ne se remet pas si facilement. Ca veut dire que physiquement, ce n’est pas anodin. Alors comment pourrait-il en être autrement pour la tête ? Ca veut dire qu’il va falloir quelques cycles avant d’espérer s’en remettre. Ca veut dire que la visite au Bébé Souris aura lieu en pleine période de reds. Avec un karma aussi dégueu fallait pas non plus s’attendre à un miracle.

Ca fait donc près de deux mois que la fausse couche est terminée. Deux mois de pause pour le corps mais finalement pas pour l’esprit. C’est passé très vite, au point que maintenant Madame Pimpin se sent un peu otage de la vie qui doit suivre son cours. Le boulot, les déplacements, les sourires obligatoires, la bonne humeur contractuelle, les amis qui pensent que tout est terminé. Il y a eu des moments où ça allait, des moments où c’était très dur, mais au final la couleur dominante reste le gris d’acier d’une mer trop froide. Madame Pimpin le craignait, ce tsunami de mars. Elle ne savait pas à quel point il serait terrifiant et que ses répercussions se feraient sentir aussi longtemps, aussi profondément, comme une onde de choc sourde et vibrante. Elle se retrouve donc une fois de plus comme une conne, bien loin de sa planche de surf qui d’ailleurs est probablement brisée en mille morceaux. Elle ne sait même pas si elle aurait la force de remonter dessus. Elle hésite par moments à reprendre la pilule pour mettre un terme à ce carnage, mais d’autres fois elle a envie de rappeler tout de suite le Docteur Colley pour relancer le combat. Alors elle reste là entre deux eaux, en essayant juste de ne pas couler.

Ce n’est pas comme ça qu’elle voulait reprendre l’écriture de son blog, pas avec cette énergie négative et cette aigreur. C’est navrant… Mais il faut tellement qu’elle fasse semblant partout, que ça devenait vital d’évacuer tout ça. Pour son prochain article elle essayera de voir le bon côté des choses, promis. On va respirer un bon coup, on se fout un bon coup de pied dans le boule, et on remonte sur son poney. Bordel de marde. Madame Pimpin is back.