Check List pour une IAC à Village Sur Mer.*

*«à Village Sur Mer» : c’est-à-dire, quand la grande maison de la PMA ne vous ouvre pas ses portes parce que vous ne faites pas de FIV mais des IAC, et que le suivi médical est donc réalisé par le Gynéco de ville ou d’ailleurs, la PMA ne prêtant que son labo et les conseils de son biologiste. 

J-7 : Le J1 n’est pas encore dans la place, mais soyons réalistes et arrêtons de rêver cinq minutes, il va débarquer d’ici une semaine. Il est temps de : 

–          Zieuter l’agenda afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de déplacements au moment supposé du J1, et commencer à émettre des suppositions quand à la date présumée de J3 pour l’écho de contrôle post-IAC#N-1.
–          Vérifier les stocks de médicaments et de consommables (médicaments, aiguilles et seringues, vaniuches). Le stock de médicaments déterminera l’importance du RDV de J3. En cas de stock liquidé, se débrouiller pour obtenir une ordonnance avant J3, rapport au délai de commande de la pharmacie.
–          Vérifier la validité des pièces administratives constituant le dossier soumis au laboratoire PMA qui prépare les recueils : date du dernier spermogramme, date des sérologies, date du dernier bilan hormonal à J3, validité du 100% (m’enfin à J-7 c’est trop tard).

J1 : Bah voilà hein on s’en doutait un peu. Si c’est un samedi, ou pire un dimanche avec J3 lundi, on est dans la marde si le point de J-7 n’a pas été fait correctement. 

–          Chialer un bon coup.
–          Essayer d’obtenir un RDV le jour même si le stock de médicaments est à zéro.
–          Essayer d’obtenir un RDV à J3 si tout est RAS.
–          Se dépatouiller avec la pharmacie.
–          Voir avec l’infirmière si besoin (surtout en cas de pénurie d’aiguilles).

J3 : normalement, le stock de médicaments est OK, partons sur l’hypothèse d’une secrétaire de gynéco conciliante. 

–          RDV de contrôle post-IAC.
–          Première injection.

J4 :
–          rappeler la secrétaire pour caler les rendez-vous de suivi de stimulation ovarienne.
–          Injection.

J5 :
–          Injection

J6 :
–          Injection

J7 : début du suivi de stimulation ovarienne.
–          Température.
–          Prise de sang au labo de Village Sur Mer de bon matin.
–          Penser à imprimer les résultats et vérifier qu’ils aient été faxés à la Chouette Clinique.
–          Faire la courbe.
–          RDV gynéco.
–          En fonction de l’écho, commencer à tenter de deviner la date de l’IAC pour s’assurer des disponibilités de tout le monde (labo, gynéco, et accessoirement son conjoint et soi-même).
–          Ne pas oublier l’injection.

J8 :
–          Température.
–          Injection

J9 : deuxième RDV de suivi de stimulation ovarienne.
–          Température.
–          Prise de sang au labo de Village Sur Mer de bon matin.
–          Penser à imprimer les résultats et vérifier qu’ils aient été faxés à la Chouette Clinique.
–          Faire la courbe.
–          RDV gynéco.
–          En fonction de l’écho, commencer à tenter de deviner la date de l’IAC pour s’assurer des disponibilités de tout le monde (labo, gynéco, et accessoirement son conjoint et soi-même).
–          Ne pas oublier l’injection.

J10 : 
–          Température.
–          Injection

J11 : troisième RDV de suivi de stimulation ovarienne. 
–          Température.
–          Prise de sang au labo de Village Sur Mer de bon matin.
–          Penser à imprimer les résultats et vérifier qu’ils aient été faxés à la Chouette Clinique.
–          Faire la courbe.
–          RDV gynéco.
–          Très probablement, calage de la date de l’IAC pour J13.
–          Ne pas oublier l’injection habituelle OU la piqûre de déclenchement.

J12 :
–          Température.
–          Prise de RDV avec le labo de la Clinique PMA pour le recueil, prise de RDV avec la secrétaire du Gynéco au cabinet de la Chouette Clinique pour l’IAC.
–          Vérification des papiers du conjoint et de ses propres papiers (carte d’identité, carte vitale, 100%, copie des examens au cas où).
–          Préparer un en-cas pour le lendemain midi.
–          Poney.

J13 : jour de l’IAC.
–          Température.
–          Départ du conjoint pour le recueil à la Clinique PMA.
–          Prise de sang au labo de Village Sur Mer de bon matin.
–          Eventuellement, aller au boulot.
–          Prise de nouvelles auprès du conjt (en évitant de faire sonner son téléphone au moment où il fait sa petite affaire…)
–          Penser à imprimer les résultats de prise de sang et vérifier qu’ils aient été faxés à la Chouette Clinique.
–          Départ pour récupération du recueil à la Clinique PMA.
–          Convoyage du recueil, des ovaires et de l’utérus concernés vers la Chouette Clinique.
–          Massacre cervical et IAC.
–          Penser à récupérer l’ordonnance pour l’utrogestan (à Village sur Mer, la pds pour recherche des BHCG, on s’assoit dessus pour les IAC).
–          Retour à la maison pour grignotage de l’encas et repos d’une heure (si possible…).
–          Retourner au boulot.
–          Pharmacie (utrogestan)
–          Poney si possible (à la maison, hein).

J14 :
–          Poney.
–          Utrogestan.

J15 à J21 :
–          essayer de ne pas penser.
–          Bordel, J21, c’est aussi J-7… il faut recommencer.

Check List Pmesque.

« Déjà » 4 mois que Madame Pimpin est officiellement entrée en PMA. Jusqu’ici, bien que partageant toutes les questions existentielles qui vont avec, elle s’en sentait un peu exclue avec son clomarde et ses grossesses spontanées mais inachevées et nourrissait une sorte de complexe de l’imposteur. A présent, forte de son immense recul de quatre mois, elle est une Pmette une vraie, avec des seringues et tout et tout. Elle peut donc se permettre de parler au titre de son expérience, de donner des conseils tout ça. Alors, si tu me demandais «Madame Pimpin explique nous ce dont il faut disposer pour entreprendre sereinement une entrée en PMA», avouons que tu brûles de poser cette question, voilà la réponse sous forme de check-list.

Le staff médical qui va bien, composé de :
– Un gynéco compétent, humain de préférence mais ça, c’est pas garanti.
– Une secrétaire de gynéco disponible et gentille, qui sait ce qu’est la PMA.

– Un biologiste équipé d’un labo PMA qui communique clairement sur les formalités administratives (voir check-list IAC à venir).
– Un labo adapté pour faire les pds (adapté, comprendre : pas trop loin de la maison, mettant les résultats à disposition dans un délai décent).
(concernant ces trois derniers points, le mieux étant bien sûr de pouvoir tout faire au même endroit, mais ce n’est pas toujours possible, dans ce cas se référer au plan ci-après).
– Des mages de la médecine douce (ostéo, acu, reiki, sofro… qu’importe le flacon) pour compenser le manque d’humanité dudit gynéco.
– Une bonne mutuelle, pour payer tout ce beau monde.
– Une pharmacienne pas trop débile, dont on s’assure qu’elle nous connait en lui vouant une fidélité irréprochable.
– Le numéro de téléphone d’une infirmière à domicile. Pratique pour discuter le bout de gras et se procurer des aiguilles.

Les équipements médicaux :
– Alcool (pour désinfecter).
– Alcool (à boire).
– Seringues, aiguilles, coton ou compresses.
– Tests d’ovulation pour les mois de pause forcée.
– Tests de grossesse good quality (en PMA exit la marque Simply Marde).
– Thermomètre.
– Se faire poser des veines dignes de ce nom, qui ne claquent pas au moindre prétexte.

Le support psychologique :
– Un mari / époux / compagnon / amoureux, qui te soutient et que tu soutiens et même que vous vous aimez.
– Un blog. Je t’assure, tout ira mieux une fois que tu auras écrit.
– Des amis. Triés sur le volet. T’affoles pas pour le tri, ils se trieront eux-mêmes, va.
– Une famille, qui de préférence a fini de pondre.
– Une maman avec des gentils bras. Surtout si tu as la fâcheuse manie de faire des fausses-couches.

Des distractions :
– Un travail (faut bien payer la mutuelle, les mages de la médecine douce qui ne sont pas souvent remboursés, et les distractions) qui de préférence te permet de t’absenter si besoin (exemple à proscrire : pilote de sous-marin).
– Un ou des projets (reprise d’études, maison, voyage, hobbie, mariage, sport… là encore qu’importe le flacon).
– Une carte de crédit (alimentée) (cf «un travail») pour s’offrir tout ça ainsi que quelques récompenses bien méritées.
– Un animal de compagnie. Prends le jeune, si tu n’en as pas encore. Les vieux, c’est trop d’inquiétudes.
– De la lecture pour la salle d’attente. Ou bien la méthode «comment apprendre le japonais en 100 leçons» (je t’assure, tu auras le temps). Ou si comme Madame Pimpin, tu es à moitié abrutie quand tu te réveilles / quand tu sors du boulot : candy cruche sur ton smartphone.

De la logistique :
– Un smartphone équipé d’une batterie solide. Dans le smartphone, les numéros des labos, des secrétariats, de l’infirmière, des mages. Et candy cruche aussi. Et l’application Mes Analyses. Et l’application Ovuview. Et un agenda.
– Kleenex. Par dizaines. Dizaines de palettes, bien sur.
– Mascara waterproof (devrait être remboursé par la sécu, bordel).
– Un accès internet pour les résultats de pds.
– Deux véhicules. Qui peuvent tout aussi bien être le métro hein si tu vis dans un lieu civilisé. Mais toujours s’assurer de pouvoir rallier les différents points stratégiques en mettant le moins de temps possible (voir la carte ci-dessous pour la justification).
– un uniforme echo-endo (chaussettes, culotte décente, long pull / tunique /écharpe comme celle de Bounty).

Pour te matérialiser tout  ce trafic (et parce qu’elle avait envie de copier un peu Zapette) (mais rassure toi ça ne se reproduira pas), Madame Pimpin t’a dessiné une splendide carte :

image

Un jour normal de stimulation, Madame Pimpin doit :
– Quitter le point A pour le point B tout en faisant en sorte d’y être pour 7h15 très précisément afin de démarrer dès 7h30 (trajet : 10 minutes).
– Se rendre du point B au point C tout en faisant en sorte d’y être pour 8h00 très précisément (trajet : 30 minutes)
(tu noteras que si Madame Pimpin passe plus de zéro minutes au point B, elle arrive en retard).
– Profiter d’être au point C pour récupérer et imprimer les résultats de pds, remplir la fiche IAC et faire les courbes, passer divers coups de fil (pharmacie, secrétariats…) et se reposer un peu en faisant des beaux dessins, quand une horde de gougniafiers n’entrave pas ces respectables activités.
– Quitter le point C pour le point E tout en faisant en sorte d’avoir passé huit heures au point C (trajet 40 minutes).
– Allez du point E au point B’ en faisant en sorte d’arriver au point B’ avant 19h00. (trajet 30 minutes).
– Aller du point B’ au point A (trajet 10 minutes, sauf si, morte de fatigue, tu oublies de desserrer le frein à main – true story).

Un jour d’IAC, ça donne ça :
– Le véhicule 1 quitte le point A à 7h30 pour se rendre au point D à huit heures.
– Au même moment avec un peu de chance, le véhicule 2 se rend au point B.
– Le véhicule 1 quitte le point D à 8h30 pour se rendre au point C à 7h30 (trajet 15 minutes) (avec donc, une heure quinze de retard).
– Le véhicule 2 quitte le point B à 8h00 pour se rendre au point C à huit heures (trajet trente minutes) (avec donc trente minutes de retard).
– Le véhicule 2 quitte clandestinement (ou pas) le point C à 10h30 pour se rendre au point E à 11h00 (trajet : 30 minutes, retard : 10 minutes) sans oublier de passer par le point D (sinon vas-y faire une IAC sans récupérer le recueil), puis retourne au point A pour y rester une heure et revenir au point C (trajet total : une heure, arrivée au point C : 14h00).
– Le véhicule 1 quitte le point C pour le point A et arrive vers 18h00.
– Le véhicule 2 quitte le point C pour le point A et arrive vers 19h00.

Raviolis ?

Raviolis.

IAC2 – J8 – Brèves #1. [+edit des follicules en patate]

Brèves du Méno.

Cinquième (déjà) injection hier soir. Ayant épuisé son stock d’aiguilles et n’ayant pu se réapprovisionner suivant le modèle adéquat, Madame Pimpin s’est piquée avec les aiguilles de rescue données par la pharmacienne. Trop choupinoute, à ce propos, la pharmacienne. Quand Madame Pimpin est passée pour récupérer son complément de Ménopur hier soir, elle s’est confondue en excuses (alors qu’elle n’y est pour rien) pour ne pas avoir pu livrer le bon modèle, et elle en a commandé en supplément pour en avoir toujours en stock désormais (Madame Pimpin est bel et bien la seule habitante de Village Sur Mer qui se pique avec ces aiguilles), tout en précisant dix fois qu’elle souhaitait de tout son cœur qu’il n’y ait pas de prochaine fois. Bon, au final les aiguilles de rescue font très bien l’affaire. Comme elles sont un peu plus courtes, Madame Pimpin s’est piquée dans un endroit non-gras de son ventre (ah faut bien chercher hein), dans le doute. Histoire d’adapter le trajet à la dimension de l’aiguille. Mesure probablement bien ridicule, puisque tout le monde se pique avec la même taille d’aiguille alors qu’on n’a pas tous la même épaisseur de graisse sous la peau, mais déjà que par deux fois Madame Pimpin a versé une gouttelette de précieux produit en chassant l’air, elle avait le souci de bien faire.

Brèves du (ci-) Boulot.

Deuxième jour post-reprise. C’est un peu moins dur qu’hier, même si l’absence de sommeil la nuit commence à se faire désagréablement sentir (dédicace au petit vélo de Kaellie). Les choses se mettent en place pour le démarrage du Master en février, ça c’est cool. L’ambiance sur les projets taffesques est angoissante, ça c’est moins cool. Madame Poulette commence à sérieusement gaver Madame Pimpin avec son incroyable nombrilisme, son égoïsme, sa monovision et son impolitesse, tellement que ça ne mérite pas d’être développé ici (peut-être plus tard histoire de se défouler, quand même) (oh tu me connais quand il s’agit de bitcher hein…) et ça c’est vraiment pas cool.

Brèves du Labo.

Ce matin, bien que vraiment crevée de sa nuit, Madame Pimpin a décidé de se rendre vraiment en avance au labo, histoire de ne pas perdre trop de temps (en arrivant dans les premiers) de ne pas haïr le reste de l’humanité dès sept heures du matin (en haïssant les vieux qui lui sont passés devant) de façon à arriver sereinement au bureau. Elle s’est pointée un quart d’heure avant l’ouverture, s’est crue en pôle position… raté, elle était deuze. Mais bon, c’est mieux que l’habituelle onzième place, deuze. Comme elle était de bonne humeur, elle a tapé la causette avec une mamie (la troize). Pour faire chier le preum’s (un papy à jeun), elles ont causé boustifaille. Pour une fois, le labo c’était très chouette, d’autant que l’infirmière a plutôt bien piqué Madame Pimpin.Côté labo PMA, double bonne nouvelle : aucunes formalités administratives à part quelques signatures le jour du recueil (ça vous transforme une IAC ça), et pas besoin de se palucher deux fois pour Monsieur Pimpin : le nouveau spermo intégral pourra être fait le jour du recueil également.

Brèves du Dodo.

C’est la cata. Arrive l’heure du coucher, Madame Pimpin n’a pas sommeil. Elle traîne. Arrive l’heure critique du « il vous reste six heures de dodo », elle finit par se résigner et s’allonge dans son lit. Arrive l’heure à laquelle Monsieur Pimpin s’endort. Pas elle. Ca dure des heures. Elle pense à tout un tas de trucs, notamment ceux qui l’agacent. Ca l’énerve, elle dort encore moins. Arrive l’heure où le réveil sonne. Elle a probablement dormi, puisqu’elle a rêvé (de structures métalliques arrachées par la tempête… nan mais WTF) sauf qu’une affreuse sensation de nuit blanche, limite migraineuse et nauséeuse, lui pèse sur tout le corps. La dernière fois c’était un peu pareil, peut-être un effet du Ménopur ? Ou juste l’effet d’être en rogne de refaire une IAC… Demain soir c’est Reiki, elle en parlera au Maître, il pourra peut-être arranger ça (note pour plus tard qui risque de se retrouver sur le petit vélo ce soir : se remémorer les vilains rêves afin de pouvoir les raconter au Maître) (putain Gollum, sors de mon corps).

Brèves de l’Endo.

Dosages :
IAC2 – J8 : E2=109 / LH=2
(pour IAC 1- J8 : E2=51 / LH=2,6)

Ca semble un peu mieux (mais bon j’y connais rien aussi bien c’est tout pourri, on saura ça ce soir), alors ça y est, Britney pense qu’elle sera très bientôt enceinte de jumeaux.

A tout à l’heure pour l’édit Caméléonesque…

… Revoilà l’édit.

« Seulement » 1h45 d’attente, puisque la secrétaire du Cam a prévenu Madame Pimpin qu’il y avait du retard. Dans la salle d’attente, Madame Pimpin a recroisé la Pmette de l’autre jour (qui lisait 50 shades of Grey, en voilà une qui prépare son ovulation !)

Caméléon en pleine forme, adorable, « ma grande » par-ci, « vous êtes formidable » par là (en regardant la fiche IAC consciencieusement remplie par Madame Pimpin) eh ben ça fait plaisir, figure toi, un Caméléon souriant et flatteur. On en a pour ses 11,50€. (ouais en plus, pour consoler Madame Pimpin de ne pas avoir pu faire les soldes, c’était discount Caméléonesque aujourd’hui : 11€ au lieu de 18 !)

A l’écho, endomètre à 8,5, un follicule à 12 côté gauche, un follicule à 9 côté droit (qui risque probablement de nous quitter en route). Le truc c’est qu’ils ont une forme de patate. Ils sont ovales, les follicules de Madame Pimpin. Nan mais t’imagines, un bébé avec une gueule ovale ? Bon, le Caméléon a dit qu’il les aurait préférés ronds. Ils peuvent encore s’arrondir, hein. Mais du coup Madame Pimpin est vexée du follicule. Et puis elle en a marre d’en avoir un seul, elle en voudrait bien deux.

Petit cadeau bonus de l’IAC : contrairement à IAC1 pour laquelle Madame Pimpin avait encore moins de glaire que d’habitude, cette fois c’est déjà le festival de la glisse : let’s ride, baby. (oui, appelle moi classe…)

Prochain monito vendredi midi, et demain c’est Reiki.

En Vrac #21.

  • La reprise qui pique.

Mauvaise nuit et dur réveil ce matin pour Madame Pimpin qui en trois semaines de vacances (mais quelle idée, me diras-tu) s’était recalée sur son rythme naturel de noctambule. Si bien qu’avant l’heure de la sonnerie, ses yeux étaient déjà grand ouverts, elle n’en était pas moins déjà épuisée. Arrivée au bureau, envie de ne voir personne, de ne parler à personne, un nombre à trois chiffre et indécent de mails reçus, dont tout plein de messages automatiques de bons vœux dont on à rien à cirer si ce n’est que ça agace, les gens qui vous souhaitent une bonne année alors qu’ils ne savent rien de vous, une bonne santé pour vous et vos proches alors que vous passez tout votre temps libre chez le médecin ou au labo… Bref, il ne manquait plus que Chef soit là en personne ce matin pour que cette journée merdique prenne tout son sens (dieu merci habituellement il reste à Grande Ville). La petite réplique qui te motive et te donne le smile ? « Bonne année Madame Pimpin, alors les vacances n’étaient pas trop fatigantes, contente de reprendre pour récupérer ? » Ta gueule. Pour couronner le tout, Madame Parfaite II est venue saluer l’assemblée avec son air de Candy et son ventre qui s’arrondit de jour en jour, Madame Pimpin s’est mentalement bouché les oreilles quand elle a raconté son écho des 5 mois à Madame Pie. Je te passerai les collègues de bureau qui racontent le noël des enfants, et ceux de la cantine qui recensent les bébés issus de l’amour est dans le pré (et que toi tu les classes mentalement en deux catégories : OSEF versus ceux qui sont arrivés depuis que tu en chies).

  • La pharmacienne qui bug.

Et revoilà notre pharmacienne de compète, la pharmacienne de Village Sur Mer, haut lieu de la reproduction spontanée et consanguine aisée, bannissant les vilains pas capables de faire ça tous seuls. On a frôlé la catastrophe (et purée Violette j’ai failli regretter de ne pas avoir donné suite à ta proposition postale). Avec toute une journée pour gérer la commande + récupération du matériel Pmesque, les Pimpin se sentaient plutôt sereins. Monsieur Pimpin a fait l’ouverture de la pharmacie ce matin à 9 heures pétantes (c’est-à-dire qu’il y était depuis 8h30). Trente-sept minutes plus tard, le Ménopur était commandé (mais ça à la limite, il en restait deux alors ça aurait été) en revanche, les petites aiguilles pour injection sous-cutanée : rupture de stock. Pas moyen de faire comprendre à la dame que c’était une urgence et que non, on ne pouvait pas s’y prendre avant. Au final Monsieur Pimpin par je ne sais quelle opération du Saint Esprit a réussi à lui faire retrouver trois aiguilles de rescue pas tout à fait identiques à celles de la notice (m’enfin on va pas chipoter). Plus qu’à récupérer le Ménopur ce soir et choper le reste des aiguilles demain. Quand à 9h50, Monsieur Pimpin est ressorti de la pharmacie en retard de 20 minutes pour son jogging avec Monsieur Souris, il a probablement compris certains pétages de câble inscrits au compteur de son épouse.

  • Le mail qui tue.

 « Bonjour Madame Pimpin,

Je profite de la nouvelle année pour venir prendre de tes nouvelles et te souhaiter tous mes vœux pour cette nouvelle année. Les années passent la famille s’agrandi, notre petit XXX à déjà X ans et est rentré à la maternelle, et nous avons une petite fille XXX qui a X mois et qui commence à marcher.

Est ce que tu es toujours à Village sur Mer ? Qu’est ce que tu deviens ? J’espère que toute ta famille va bien. Passe le bonjour à tes parents et à ton frère et ta sœur.

A bientôt j’espère, bises »

Bah non, pas à bientôt, je crois pas. C’est mauvais et injuste de lui dire « pas à bientôt » parce que la Dame qui a écrit ça, Madame Pimpin la connait depuis sa naissance. C’est la fille d’anciens amis de ses parents, elles ont quasi le même âge et ont passé beaucoup de chouettes moments de leur enfance ensemble, avant que tout le monde se perde gentiment de vue. Le truc c’est que depuis que la Dame va bien (comprendre annonce de fiançailles suite à un passé amoureux plutôt difficile) elle essaie de reprendre contact avec Madame Pimpin et l’a même invitée à son mariage. Le truc c’est que Madame Pimpin fait la morte depuis un bail, que l’autre ne lâche pas l’affaire, que ça devient super embarrassant d’être la connasse qui ne répond pas, mais dont chaque année les pêchés sont absouts par la Brave et Miséricordieuse Dame. D’un autre côté Madame Pimpin n’a ni envie de répondre en mode youpie troulali troulalère la vie est belle, ni envie de lui raconter sa life, ni rien à lui dire, tout bien réfléchi. Et puis sans déconner, c’est quoi ce mail, un inventaire ? Rien d’autre à raconter ? Si La Vie se résume à raconter l’évolution de la Progéniture, qu’est ce que Madame Pimpin peut bien répondre d’honnête ? C’est dans ma tête ou la seule réponse attendue serait :

 « Alors moi j’ai Kévina qui fait toujours dans ses couches la nuit mais plus pendant la journée, et George-Emmanuel qui entame sa diversification alimentaire. A part ça je suis joie et amour, et je profite de la nouvelle année pour étaler une couche de sirop gluant et sucré sur la surface de la terre. On fait un concours d’évolution de gosses ? Embrasse bien fort ta grand-mère et ton voisin de ma part. ». ?

Et voilà. Maintenant que c’est écrit Madame Pimpin culpabilise et se sent tout sauf BELLE ET DIGNE. De là à ce qu’elle réponde un truc gentil et s’expose à la question-qui-tue « et vous c’est pour quand », il n’y a qu’un pas.

  •  Les monitos qui sandwichent.

 Nouvelle IAC, nouveau rythme. Maintenant ce sera monitos le midi : gloups. Planning Caméléonesque trop chargé pour faire autrement (le pauvre homme il va finir tellement pété de thunes qu’il ne pourra bientôt plus compter ses billets – en même temps c’est pas Madame Pimpin à coups de 18 euros qui va l’enrichir). L’avantage c’est que les journées seront moins longues (entre labo le matin et monito le soir, pour IAC1 Madame Pimpin se tapait des journées de 13 ou 14 heures dehors) (sachant qu’il n’y a que CHEZ ELLE qu’elle se sente normale), l’inconvénient c’est que le labo aura intérêt à transmettre les résultats de PDS rapidement (PDS à 7 heures, résultats pour 11h45 au plus tard… chaud). Et puis, bye bye la pause dèj. Ou comment pallier aux potentiels kilos en trop qui voudraient se greffer sur les hanches de Madame Pimpin. Tu me diras comme ça, elle n’aura plus besoin d’écouter les prouesses reproductives de la population télé-réalité de M6 à la cantoche qui de toutes manières lui coupaient l’appétit.

  • La Pie qui chante.

Petite éclaircie dans cette journée de marde, quelques petits mots glissés par Madame Pie au détour d’une pause café.

« que tu aies un bébé cette année, c’était l’un de mes voeux au moment des douze coups de minuit« .

OUF. Il n’en fallait pas tant pour que Madame Pimpin retrouve foi en l’humanité et reprenne des forces pour ré-attaquer demain. Et oui parce que demain, il faut retourner à La Grande Boîte. Et après-demaiin aussi. Et tous les jours, en fait. Marde.

IAC#2 – J3 – début de stim.

Oyez oyez camarades ce soir Madame Pimpin se pique le lard. Et puis c’est tout.

Hier, elle a passé un petit coup de fil à la secrétaire du Docteur Copain-De-Caméléon (celui qui a inséminé Madame Pimpin) (entre nous, je ne m’y fais toujours pas à ce terme « inséminer », j’ai toujours l’impression d’être en train de parler d’une vache ou une ponette pedigree, mais passons sur ces basses considérations lexicales). Môsieur le Docteur Caméléon est en congés et ne revient que lundi. Je te refais la conversation ?

– Bonjour je vous appelle suite à l’échec de mon IAC#1 en décembre car je dois commencer une stimulation en vue d’une nouvelle IAC et je devais d’abord, sur demande du Caméléon, procéder à une écho à J3. J3 étant demain, ça laisse peu de marge.

– Oh bonjour Madame Pimpin, oui je me souviens de vous. Alors ça n’a pas marché… Je suis sincèrement navrée, je vous souhaite une bonne année et j’espère qu’en 2014 ça marchera.

– Merci Madame Coeur Coeur Coeur, c’est gentil je vous souhaite une très bonne année à vous aussi.

– Alors par contre pour le Docteur Caméléon ça va être compliqué car il ne revient que lundi. Mais je comprends bien la situation et ne vous inquiétez pas. Je sais bien que si je ne vous trouve pas de RDV aujourd’hui, vous n’aurez même pas d’ordonnance pour la stimulation… je regarde.

– Oh, merci, Madame Coeur Coeur Coeur.

– Alors voilà ce que l’on va faire : passez aujourd’hui, Docteur Copain-De-Caméléon vous prépare l’ordonnance de Ménopur et Ovitrelle, et vous revenez demain à J3 pour le contrôle il vous prendra en tout début de journée en urgence.

– Madame Coeur Coeur Coeur, you made my day. Promis tu seras la marraine de mon premier fils ! Bisous bisous à tout à l’heure !

Mouahahahahah ! Mais non, je déconne ! En 2014 les secrétaires sont toujours aussi connes. En 2014 on ne peut toujours compter que sur soi même. Voilà comment la conversation s’est vraiment déroulée, étant donné qu’on n’a pas basculé dans un monde de bisounours où les secrétaires auraient un cerveau et un peu d’empathie :

– Bonjour je vous appelle suite à l’échec de mon IAC#1 en décembre car je dois commencer une stimulation en vue d’une nouvelle IAC et je devais d’abord, sur demande du Caméléon, procéder à une écho à J3. J3 étant demain, ça laisse peu de marge.

– A mais ça ne va pas être possible Madame il est en congés jusqu’à lundi et je ne peux même pas vous caler de rendez-vous lundi parce que je n’ai pas l’accès à son planning et sa secrétaire aussi est en congés.

– D’accord Madame, je rappellerai lundi, merci beaucoup au revoir.

LOLILOL. Finalement, « inséminer » c’est peut-être un terme assez respectueux pour les vaches et les ponettes, mais pas suffisamment pour Madame Pimpin qui ne mérite pas assez de considération pour obtenir une fucking écho de ses ovaires en temps et en heure.

M’enfin on va pas se laisser abattre hein. Puisqu’on a assez de cran pour démouler des fausses-couches dans les chiottes, on en a bien assez pour commencer une stim sans laisser-passer, pas vrai ?

Alors en avant Guingamp ! Espérons tout de même que le Caméléon aura un petit créneau lundi (ah non désolée Madame le délai pour un rendez-vous c’est 6 mois hein !) et qu’il n’aura pas le mauvais goût de se la ramener à base de « oh non mais Madame Pimpin je suis pas très très content que vous vous soyez auto-administré un traitement de stim hein, c’est pas joli-joli maintenant je vais faire du boudin et vous montrer l’écho des six semaines de Madame-Connasse-Lambda qui se trouvait dans la salle d’attente juste avant vous. »

2014 l’année de la force, qu’ils ont dit. BIM.

Cavalcade.

Il y a deux semaines quand Madame Pimpin a lu la petite phrase «sérologies obligatoires avant toute préparation spermatique en vue d’un acte d’AMP» au bas du spermo de Monsieur Pimpin, elle ne pensait pas que ça ferait toute une histoire. Elle pensait que le Caméléon avait bien le truc en tête et que ce pouvait être bâché limite le jour de l’IAC.

Sauf que non.

Hier soir, il a fallu qu’elle trimballe l’ordonnance jusqu’à Monsieur Pimpin pour qu’il aille faire sa prise de sang ce matin même. Ils ont vaguement hésité à ne la faire que demain, c’était plus pratique et puis convenons-en, si l’un deux avait la syphilis, ce n’est pas un jour de plus ou de moins qui ferait la différence mais bon, étant des bons Pimpin consciencieux ils n’ont pas procrastiné sur ce coup là. Bien leur en a pris.

La veille pour le lendemain ? Mouahahaha. Laisse-moi rire. Ce matin à 7h15, Madame Pimpin a découvert que le labo de Petit Village Sur Mer affiche près d’une semaine de délai pour les chlamydiae et les mycoplasmes. Non négociable. Compromettant pour l’IAC de fin de semaine. Dans le doute Madame Pimpin a fait sa prise de sang tout de même, bien dépitée (au passage, l’infirmière a innové et lui a piqué l’arrière du bras, même pas mal), et dans la foulée, elle a passé un coup de fil à Monsieur Pimpin qui au même moment devait faire sa prise de sang à l’autre bout de la ville, au fond de Grand Village Sur Mer, à la clinique PMA (Monsieur Pimpin kiffe la Clinique PMA). Délai d’obtention des résultats : 48 heures. Problème, le labo de Petit Village Sur Mer n’a jamais voulu lui rendre son ordonnance une fois la pds faite tu penses.

Je te passe la demi-heure de négociations au volant, téléphone à la main, mais les Pimpin sont tombés sur une secrétaire trop gentille à la Clinique PMA, qui a bien voulu que Madame Pimpin ramène sa fraise pour se refaire piquer sans ordonnance (sous réserve d’une négociation ultérieure avec le labo de Petit Village Sur Mer afin de partager l’ordonnance).

8h15, deuxième prise de sang de la journée (piqûre à l’arrière de l’autre bras, pas de jaloux).

8h50 Madame Pimpin arrive au bureau. Elle appelle le labo de Petit Village Sur Mer en speed pour qu’ils faxent son ordonnance. La secrétaire n’est pas contente mais finit par dire ok.

9h00 réunion, Madame Pimpin passe ses nerfs sur un gougniafier qui n’avait rien demandé.

9h50 Madame Pimpin n’a pas fini de parler, son téléphone sonne sans arrêt, numéro inconnu. Pas bon.

10h15 Madame Pimpin rappelle le numéro inconnu. C’était juste le labo de la Clinique PMA qui accusait réception du fax. Victoire.

10h40, répit de courte durée. C’est à nouveau la Clinique PMA. [J’appuie sur pause pour signaler que le récit qui va suivre relève de la plus haute compétence secrétarienne. C’est pas tous les jours qu’on tombe sur des gens merveilleux alors j’insiste un peu là-dessus]. La secrétaire PMA, en cherchant le dossier des Pimpin, s’est rendue compte qu’ils n’avaient pas de dossier. De qwââââ ? Les Pimpin sont suivi à la Chouette Clinique du Caméléon, et la PMA ne sert qu’à gérer la préparation spermatique. Alors pour Madame Pimpin, c’était évident que point de dossier Pmesque ne serait nécessaire.

Sauf que non.

10h50 la secrétaire énumère les pièces à fournir (CR d’HSG, livret de famille, consentements et tout le tintouin : nan mais ça aussi, le Caméléon attendait le jour J pour le dire ? L’ironie de la chose, c’est que l’attestation de 100%, fameux Papelard de Marde, est la seule pièce non indispensable le jour de l’IAC…) et propose à Madame Pimpin de mettre le dossier à constituer à sa disposition au secrétariat des pds. [si tu décroches je ne t’en voudrai pas, j’ai moi-même chopé une entorse du neurone]. Madame Pimpin la remercie de tout son incommensurable amour et lui envoie des cœurs dans son téléphone.

10h54 coup de fil à Monsieur Pimpin pour l’envoyer chercher les précieux papiers ASAP. Il ne répond pas. Il est en réunion. OK. Explication par sms en 160 caractères. Good luck.

11h00 réunion. Pas de signe de vie de Monsieur Pimpin.

12h30 pause dèj. Tilililit. Sms de Monsieur Pimpin : reçu – ok – en cours.

14h00 le mari et le dossier attendent sagement à la maison.

14h30 tilililit mail du labo de Petit Village sur Mer, résultats des sérologies «simples». Madame Pimpin n’a pas le sida alléluia. Tout devrait aller bien maintenant.

Sauf que non.

Présence d’anticorps pour la rubéole, 90 ui (nan mais marde, pour une fois que j’ai des ui quelque part…) «à recontrôler dans trois semaines» LOL dans 3 semaines. Alors ma chère petite DNLP. Que les choses soient bien claires : je n’ai PAS la rubéole OK ? Et tu vas pas me foirer mon Yack avec tes 90 ui de rubéole OK ?

NAN MAIS J’AI L’AIR, D’AVOIR LA RUBEOLE ??????

Bon. Et bien c’est mouvementé comme journée. Pas besoin de poney pour une IAC, mais punaise, ça cavale vite un yack. Au final doctissimarde semble plutôt rassurant sur cette histoire de rubéole, d’autant que Madame Pimpin était sûrement déjà immunisée : antériorité à 75 il y a deux ans pour Grossesse 1 (chiotte, ça pique d’écrire ça). Mais Madame Pimpin le retient tout de même le Caméléon. Il oublie les sérologies, il oublie l’histoire du dossier… Nan mais faudrait quand même pas qu’il se trompe de trou le jour J parce que sinon, vendredi 13 ou pas, on est pas dans la marde c’est moi qui te le dit. *

* Hum, je te l’avais dit nan, que je fais des blagues foireuses quand je suis un peu stressée ?

IAC – J8 – Brèves #1. [+ edit]

Brèves du Méno. 

Bon, ben les piqûres de Ménopur, c’est validé. L’infirmière a fait la première mercredi dernier, le lendemain elle a laissé Madame Pimpin gérer sous sa surveillance, et vendredi Madame Pimpin lui avait demandé de revenir (parce qu’elle est si gentille que c’est un plaisir de la voir) mais elle a tout fait sans consigne. Samedi soir elle s’est piquée toute seule, et hier Monsieur Pimpin s’est amusé à lui faire le mélange. Madame Pimpin kiffe ses piqûres. Elle a déjà chopé des T.O.C mis en place son petit rituel, cuisine toute clean après le repas, piqûre, puis chocolat de l’avent pour la récompense. Côté désagréments, pas grand-chose à déclarer, si ce n’est une grosse fatigue et une sale trogne, mais ça peut aussi bien ne pas être imputable au traitement.

Brèves du Labo. 

C’est ce matin qu’a eu lieu le premier contrôle Oestradiol / LH de stimulation ovarienne. On est à J8, idéalement il aurait fallu commencer à J7 mais c’était dimanche. Alors que retenir de cette fabuleuse expédition.

– se lever à 6h30 un lundi matin et se retrouver à gratter le pare-brise gelé, ça fait chier.

– le labo à 7h30 le lundi, c’est l’invasion de vieux, encore plus que les autres jours.

– la nana qui se trouvait dans la file d’attente juste devant Madame Pimpin n’avait pas l’air enceinte mais la secrétaire du labo s’est fait une joie de bramer «ah vous êtes au quatrième mois». Mazeltov.

– les prises de sang à fréquence régulière sont toujours incompatibles avec les veines fines et mobiles de Madame Pimpin, l’infirmière a fait du bon travail mais elle lui a souhaité bien du courage pour la semaine. Heureusement la nature est bien faite, on a deux bras.

– se retrouver au labo le matin en hiver, ça rappelle à Madame Pimpin les pds de control freak qui traquaient le taux de la Petite Chose il y a quelques mois, et ça fait mal au ventre…fucking mémoire.

Brèves du ciboulot.

Madame Pimpin ne part pas vraiment gagnante. C’est peut-être passager rapport à la photo de la dinde de Noël qui lui a tout de même bien défoncé le moral, c’est con mais c’est comme ça. Elle part un peu perdante mais ce n’est pas ça qui l’aidera à faire face quand le résultat arrivera, elle le sait bien. Le côté positif c’est qu’elle trouve que le traitement n’est pas du tout contraignant. Les pds le matin avec écho le soir, un jour sur deux, ça lui va bien comme rythme et c’est transparent pour le boulot (mis à part l’assignation à résidence pour toute la semaine, mais fuck you le chef). Elle n’aura pas l’impression de s’être sacrifiée sur l’autel de la loose en cas d’échec. Disons que pour le moment, Madame Pimpin s’acquitte de sa tâche sans trop broncher et sans trop rien attendre. Ni pessimisme abusif, ni optimisme de la dinde qui croit qu’une IAC va suffire pour changer sa vie. Le regard loin devant, au-delà du résultat. Tout pareil que quand elle court, elle regarde derrière la côte. Toujours.

Brèves de l’Endo.

RDV à 18h chez le Caméléon, pour le monito et l’interprétation des résultats E2 / LH. Les bottines bleues sont de sortie, jean confortable, pull et t-shirt longs, dégaine un peu loose : heureusement les gougniagiers ne sont pas de la fashion police, sans quoi ils auraient probablement noté un changement.

C’est donc avec une bonne heure et demie de retard que le Caméléon a ausculté les voies impénétrables de Madame Pimpin. Avec son E2 à 51 et sa LH à 2,6, Madame Pimpin y allait plutôt piteuse, mais le Caméléon (qui était aujourd’hui d’une humeur de chien) a dit que c’était bien. Alors pour une fois on va laisser tranquille son auto-estime en mousse, et faire un peu confiance quand on dit que c’est bien. Allez hop, 51 c’est bien. Puis Madame Pimpin s’est installée sur la table de l’espace du Caméléon. En fait c’est un fauteuil à bascule, qui monte, on a les pieds sur des sortes de pédales (exit l’étrier qui laisse gracieusement apparaître le dessous des chaussettes) et qui s’incline en arrière. Ca change de la table en fer du Docteur Colley. La scrutation commence. A droite, c’est moche. 6,5 mm. Madame Pimpin commence à bader. On passe à gauche, et là c’est mieux : deux bon follicules « recrutables » (yes les gars, entretien d’embauche : check !) de 12 à 14 mm suivant les bords.

Le Caméléon, trop choupinou, imprime les deux globules noirs et tend la photo à Madame Pimpin, cadeau. LOL. On commence l’album photo familial ? Puis Madame Pimpin pose ses deux trois questions cons dont elle te fera grâce (elle est incapable de dire des choses sensées quand elle a les fesses à l’air), remet son jean, et on repasse au bureau.

Madame Pimpin lui demande s’il ne serait pas un peu temps de faire les sérologies rapport aux 14 mm. Et là c’est limite si elle ne se prend pas l’avoinée du siècle parce que bordal, t’es mariée, tu veux faire un bébé, et tu sais pas si t’as la Syphilis ? Mais ma pauvre amie dans quel monde tu vis ? Il va falloir se sortir les doigts du boule et aller me faire cette sérologie, demain matin et que ça saute (mais euh, demain c’était repos pour mes veines toutes pourries…). Parce que ça ne chôme pas là-dedans, on devrait inséminer au plus tard samedi, mais plus probablement…..

Vendredi 13

Gloups.

Arsène Pimpin.

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C’est pas qu’on s’ennuierait presque en attendant l’infirmière, c’est juste que Madame Pimpin avait promis qu’elle te parlerait de sa cleptomanie légère. Oui oui cleptomanie avec un petit « c » et non Kleptomanie avec un grand « K » parce que, comme elle te disait, il s’agit d’objets trouvés ou abandonnés, sans valeur ou presque. Et puis après tout marde, elle a bien le droit de voler des choses, après tout DNLP ne s’est jamais justifiée de lui avoir volé ses deux bébés.

Sur cette photo, tu trouveras donc par ordre d’apparition :

Une théière magique.

Quand Madame Pimpin a décidé de prendre le Chat dans une main et sa valise dans l’autre pour accepter la proposition d’emménagement de Monsieur Pimpin, il a fallu faire un peu de place et Monsieur Pimpin s’est débarrassé de tout un tas de choses inutiles, notamment le facebook de son ex, le numéro de téléphone de son copain alcoolique, ses déjeuners dominicaux chez môman des objets encombrants qu’il a fallu entreposer à la cave, comme le préconisait le règlement de l’immeuble, afin que le gardien s’en occupe lors du passage du camion benne. La vieille voisine de Monsieur Pimpin, cette semaine là, avait elle aussi décidé de faire un peu de tri dans son gourbi d’appart. Quand les Pimpin sont arrivés à la cave, la théière magique gisait sur un tas de bric à brac dégoûtant, elle était recouverte de poussière grasse et collante, on voyait à peine qu’elle était noire et magnifique. Madame Pimpin l’a récupérée, nettoyée à fond, et l’utilise désormais pour décorer une étagère la semaine, et pour infuser son thé « Jardins de Majorelle » le dimanche.

Cette nuit la liberté.

Un jour, l’un des rêves de Madame Pimpin s’est réalisé : la Grande Boîte l’a envoyée travailler à l’étranger dans un pays super excitant. Elle n’avait pas tant rêvé de ce pays comme d’autres pays qu’elle a visités. Elle ne savait rien de l’histoire de ce pays excitant, elle savait juste qu’il l’intriguait mais qu’elle préférait le découvrir avec ses yeux plutôt qu’avec les mots des autres. Malheureusement dans ce bas monde, les innocents sont bien en peine : on ne les laisse jamais rêver, toujours un imbécile bien pensant pour gâcher la surprise. Alors Madame Pimpin savait que ce pays excitant pourrait la choquer, voire même la changer définitivement. Et ça lui faisait un peu peur. Alors elle s’obstinait encore plus à garder le mystère opaque autour du pays excitant, au point de déroger à sa règle de voyage habituelle et de ne pas se ruer sur le lonely planet. Mais tu sais comme est le destin. Il a fallu qu’elle prenne un avion pour Grande Ville quelques semaines avant. Il a fallu que dans le vide poche du siège devant elle se trouve un livre, il a fallu que ce soit un livre qui raconte le pays excitant. Mais là encore, Madame Pimpin, encore plus obstinée que le destin, s’est refusée à plonger dans le livre. Elle l’a pris mais ne l’a pas ouvert avant d’être dans un autre gros avion, celui qui l’emmenait vers le pays excitant. Et c’est à 10000 putains de kilomètres d’altitude qu’elle a ouvert son coeur à l’Inde, alors qu’elle ne pourrait plus faire demi-tour quoi qu’elle apprenne à son sujet.

Une petite plume bleue.

Un jour sur une belle plage près de chez elle, Madame Pimpin se dorait la pilule avec Madame Zébulon sa BFF. C’était un de ces moments que l’on souhaite garder pour toujours dans un coin de sa tête, une jolie chose qui t’accompagne ensuite à travers ta vie, pour quand ça va moins bien. Un moment parfait, où le bruit des vagues recouvre juste assez les cris des mouettes et les rires des enfants pour que l’ensemble sonne comme une musique harmonieuse. Un jour de grand soleil, chaud, un jour de brise légère et douce, un jour d’océan délicieux. Alors qu’elles discutaient, Madame Zébulon laissait ses doigts égrener le sable au hasard, là où ils se posaient, entre ses deux pieds. C’est Madame Zébulon qui a trouvé cette boucle d’oreille, à cette époque elle était bleu turquoise. Ne la trouvant pas à son goût, ou bien ne voyant pas l’utilité de ne devenir propriétaire que d’une boucle d’oreille, Madame Zébulon l’a offerte à Madame Pimpin. Depuis Madame Pimpin la conserve cérémonieusement parmi ses plus beaux bijoux, la porte souvent, et en garde le souvenir éternel de cet après-midi d’été de juillet.

***

Une barrette Hello Kitty.

Dont le fermoir est cassé, et sur laquelle il manque une perle. Madame Pimpin l’a trouvée à la piscine, sur une chaise longue, cet été en Corse. Il y avait cette jolie petite fille brune à la peau de brugnon et aux yeux de velours, en vacances avec ses parents. Ils formaient cette belle famille dont les Pimpin rêvent tant. Il y avait aussi le petit frère, un gros bébé joufflu et tout bronzé. Le plus souvent, lorsque la famille heureuse débarquait à la piscine en tout début de soirée, les Pimpin s’y trouvaient déjà alternant lecture et baignade entre la plage et l’apéro. Le plus souvent, lorsque la famille heureuse débarquait, les Pimpin déguerpissaient. Non pas que les cris des enfants les dérangeaient, même si c’est probablement ce qu’ont pensé les parents. non, c’était juste que de les voir se baigner, s’éclabousser tous les quatre, rire, être heureux, vivre, projetait une ombre bien trop triste sur le vide qui les habite encore aujourd’hui. Alors les Pimpin partaient. Un soir, ils sont restés. Juste au bord de la piscine, sur leurs chaises longues, sans bruit et sans bouger, figurants de la scène. La famille heureuse a du avoir peur de déranger parce qu’elle n’est pas restée bien longtemps. C’est ce soir là que la jolie petite fille a abandonné sa barrette Hello Kitty sur la chaise longue d’à côté. Madame Pimpin l’a ramassée, puis a imaginé l’effort que lui coûterait le fait de rapporter la barrette à la jolie petite fille. Et elle a vu que la barrette était cassée. Alors elle l’a gardée. Pour le jour où ce souvenir ne lui fera plus mal, pour le jour où d’un regard indulgent vers le passé, elle se souviendra de la jeune femme un peu rigide qui se tenait immobile sur sa chaise longue pendant que les enfants jouaient avec leurs parents heureux.

Une fleur en cuir mauve.

Une toute petite fleur, ornée d’un brillant, du genre de celles qui ornent les languettes de Kickers. Madame Pimpin l’a trouvée sur la moquette du labo en septembre alors qu’avec Monsieur Pimpin ils attendaient les résultats du test de Hühner#2, test qui les propulserait à minima en stim, pour cause de mauvais résultat sans stim. Alors effectivement la petite fleur ne se trouve pas sur la photo et c’est très contrariant. Madame Pimpin n’arrive pas à remettre la main dessus. Elle se souvient de l’avoir sortie de son sac il n’y a pas longtemps, mais elle ne sait plus où elle l’a rangée.

Un porte-clé en forme d’ancre.

Il est en cuir rouge, et c’est celui que Madame Pimpin a trouvé il y a quelques jours dans les toilettes de la Chouette Clinique, quelques minutes avant que le Docteur Caméléon signe les ordonnances pour l’IAC.

*** Et voilà. Entre la plume et la barrette, l’infirmière est arrivée. Wham Bam Thank You M’am. En deux temps trois mouvement le mélange était fait et le liquide injecté. Ca a duré cinq minutes entre l’ouverture et la fermeture de la porte. Moins de temps qu’il n’en aurait fallu à Madame Pimpin pour sortir les aiguilles de la boîte à bonbons. La dame est discrète, ultra rapide, ultra gentille, elle passe dans le quartier tous les soirs à la même heure, et ça va être super dur de ne pas l’attendre sur le bord du chemin telle une âme en peine le jour où Madame Pimpin se décidera à gérer toute seule (hmmm probablement samedi prochain, rapport aux copains qui viennent prendre l’apéro à la maison, et à qui il n’est pas question d’expliquer le pourquoi du comment du parce que).

Bref, aujourd’hui, Madame Pimpin a commencé sa stim en vue de l’IAC.

Caméléon is good.

C’est avec une heure de retard, et donc en plein horaire de pause dèj, que le Caméléon a reçu Madame Pimpin aujourd’hui. Cette heure à patienter lui aura permis de franchir un niveau de Candy Crush sur lequel elle bloquait depuis trois semaines, d’apercevoir la Docteur Merveilleuse (qui habite de l’autre côté du couloir) qui se rendait à la cantine, probablement fraîchement accouchée (same DPA) (et son congé mat bordel ?!) (face à tant d’abnégation, Madame Pimpin a tout de suite trouvé moins admirable le courage du Caméléon sacrifiant sa pause dèj sur l’autel de l’infertilité de Madame Pimpin), et d’assouvir sa cleptomanie chronique, grâve à un petit porte-clé joli, trouvé sur le lavabo des wc (Madame Pimpin ne cleptomanise que des objets trouvés et sans valeurs, pour en faire des porte-bonheur, le reste ne l’intéresse pas) (un jour elle te montrera sa collec’).

Enfin son tour, elle est seule dans la salle d’attente, le Caméléon tombe donc de suite le masque de fer et lui adresse un grand sourire, accompagné d’une chaleureuse poignée de main. Elle s’assied, s’assoit, peut importe.

– « Alors Madame Pimpin, où en sommes nous… »

– « Blablabla Biologiste »

– « Alors, ça s’est bien passé avec lui ? »

– « Blablabla oui oui oui, blablabla pas de FIV, blablabla fragmentation OK… »

– « Bon eh bien c’est très bien tout ça, on va pouvoir y aller, c’est parti ! »

De là il sort son bloc d’ordonnance, en détache 4, et commence à griffonner de son écriture que Madame Pimpin sait à présent déchiffrer même à l’envers (je te l’avais dit que Madame Pimpin était génétiquement croisée avec James Bond).

Ordonnance 1 :

– Ménopur de J3 à J14, une ampoule par jour.

– Ovitrelle.

(alors alors alors, mais quel suspense, IAC ou STIM, Madame Pimpin trépigne sur sa chaise mais ne pose pas de question parce qu’elle aime bien faire style d’avoir du flegme)

Ordonnance 2 :

– injection sous-cutanée quotidienne à domicile pendant 12 jours.

(grmpffff accouche)

Ordonnance 3 :

– dosage LH.

– dosage #%&&%$ (formule chimique de l’oestradiol) J7/9/11/13.

– annexe : une petite fiche A4 trop cute sur laquelle Madame Pimpin doit reporter tous ses dosages ainsi que sa température quotidienne.

(au secours, des devoirs)

Ordonnance 4 :

– préparation spermatique pour IAC.

(YEAAAAAAAAAAAAHHHH!!!!!!!!!!!!!!)(en vrai, visage stoïque)

Tu noteras de ton oeil avisé qu’il manque l’ordonnance pour la progestérone, les sérologies, et que le Caméléon ne propose pas de faire un dosage BHCG. Les deux premiers points ont échappé sur le coup à cette babate de Madame Pimpin, trop contente pour réfléchir, et pour le dosage de toutes manières elle ne l’aurait pas fait parce qu’elle n’ira faire un dosage que si elle fait virer un TG. La merde d’aller au labo de bon matin pour se manger une porte.

Le Caméléon s’est ensuite lancé dans des grandes explications à base de « les follicules sont des petits ronds, on vise une taille de 18mm blablabla ». Pensée émue pour les licornes de Lucette. Mais ça va aller. Ce qui inquiète Madame Pimpin c’est le Ménopur parce que de ce qu’elle sait, ça ne se dispense pas sous forme de pen.

Et ses inquiétudes se confirment lorsqu’elle se pointe à la pharmacie en mode « oui oui je vais me piquer toute seule nan mais ça va quoi, j’ai déjà fait de l’Ovitrelle, même pas peur ».

La pharmacienne dubitative sort son grand Vidal des médicaments et consulte la rubrique Ménopur. Aspirer avec la seringue munie de la grande aiguille G22, injecter dans la poudre contre la paroi, remuer en tournant, réaspirer avec la seringue, changer d’aiguille pour la G27 (ou 27G, WTF ???), chasser l’air, piquer… Euh… Well well well, la pharmacienne… Tu connais des infirmières ?

Au final, Madame Pimpin récupèrera sa commande demain matin, et sur les recommandations de la pharmacienne a trouvé une infirmière à domicile fort sympathique. Elle composera sans problème avec le préavis de 24 heures, elle expliquera tout bien à Madame Pimpin pour qu’elle apprenne à faire toute seule, et elle a même demandé si le déclenchement devait se faire en intra-musculaire ou bien avec Ovitrelle, preuve qu’elle s’y connait. Top du top, l’infirmière est basée dans le même coin de pampa que Madame Pimpin : mais que demande le peuple ?

Un J1 peut-être ? Histoire de commencer tout ça et de préférence pas trop tard, ni trop tôt (la gentille infirmière ne viendrait peut-être pas un dimanche…) Je te le donne en mille, ce J1 discipliné semble bien vouloir se pointer demain, pour une première piqure lundi. What else ?

Bon, concernant l’issue de la chose, pas de pression, c’est un brouillon. Oui oui un beau brouillon, et puis si ça marche pas tant pis, on verra l’année prochaine, c’est bientôt…

Le corps et la tête.

Ce matin, Madame Pimpin a commencé par éteindre son réveil qui s’est mis à sonner à 6h, pour ne se lever qu’à 9h. Elle a ensuite appelé la clinique pour expliquer son problème. Comme c’est la clinique à laquelle est rattaché le cabinet médical, c’est dans cette clinique qu’il y a un an et un jour, Madame Pimpin est entrée avec son embryon et sortie sans. Au téléphone, alors que Madame Pimpin demandait à être transférée au service des urgences gynéco, la standardiste lui demande de sa voix criarde « vous êtes enceinte ? » Eh ben ouais elle est enceinte Madame Pimpin, depuis plus d’un mois (il était temps que ça se termine te dis-je). Madame Pimpin répond que oui, puis précise qu’il s’agit d’une GEU. D’une voix plus sobre, la standardiste lui demande de patienter.

On lui passe une infirmière. Madame Pimpin reéxplique, en commençant par « GEU », cette fois, pour éviter la question-dynamite. On lui dit de se ramener de début d’après-midi.

Madame Pimpin arrive, patiente un peu, l’infirmière lui dit que la pharmacie de la clinique n’était pas surprise de la requête car ce n’est pas la première fois que le cas se présente pour des prescriptions pourtant « de ville ». Alors pourquoi les gynécos n’envoient-ils pas directement leurs patientes à la clinique ? C’est quoi leur truc, un test de débrouillardise ? On a que ça à foutre, quand on fait une GEU, de chercher qui diable dans cette ville voudra bien nous planter une aiguille dans le boule pour tuer des petites choses innocentes ?

L’infirmière s’équipe : blouse stérile, masque, lunettes, gants, charlotte, surchaussures, bordel on se croirait dans Urgence. Madame Pimpin est là, la fesse gauche à l’air, elle attend. Elle évite de regarder la grosse seringue. Son corps est soulagé, mais sa tête a mal. Elle pense à la petite Chose. Depuis ce matin, elle n’a pas cessé de penser à elle. Les larmes coulent. Madame Pimpin sait que cette piqûre mettra fin au développement de cette petite Chose si discrète et si sage. C’est con hein, mais elle a besoin de lui dire au revoir et de la remercier. Une petite Chose qui s’est trompé de chemin, qui a fait son possible, mais qui apporte tout de même un peu d’espoir pour la suite, on ne peut pas la rejeter dans l’indifférence et la froideur.

L’aiguille se plante dans la chair. Le temps de compter jusqu’à quinze et le produit est dans son corps. Les molécules de Méthotréxate vont maintenant faire leur travail. Renifler dans tous les coins, le museau au ras du sol. Chercher la petite Chose, la traquer, la trouver, la coincer dans un coin. Pénétrer ses cellules, les enrober, les neutraliser, la tuer. Rendre Madame Pimpin un peu malade, un peu fatiguée et un peu triste. Mais un peu soulagée aussi. Et voilà c’est fini, a murmuré l’infirmière. Il n’y aura pas de bébé pour Noël, a pensé Madame Pimpin.