Check List pour une IAC à Village Sur Mer.*

*«à Village Sur Mer» : c’est-à-dire, quand la grande maison de la PMA ne vous ouvre pas ses portes parce que vous ne faites pas de FIV mais des IAC, et que le suivi médical est donc réalisé par le Gynéco de ville ou d’ailleurs, la PMA ne prêtant que son labo et les conseils de son biologiste. 

J-7 : Le J1 n’est pas encore dans la place, mais soyons réalistes et arrêtons de rêver cinq minutes, il va débarquer d’ici une semaine. Il est temps de : 

–          Zieuter l’agenda afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de déplacements au moment supposé du J1, et commencer à émettre des suppositions quand à la date présumée de J3 pour l’écho de contrôle post-IAC#N-1.
–          Vérifier les stocks de médicaments et de consommables (médicaments, aiguilles et seringues, vaniuches). Le stock de médicaments déterminera l’importance du RDV de J3. En cas de stock liquidé, se débrouiller pour obtenir une ordonnance avant J3, rapport au délai de commande de la pharmacie.
–          Vérifier la validité des pièces administratives constituant le dossier soumis au laboratoire PMA qui prépare les recueils : date du dernier spermogramme, date des sérologies, date du dernier bilan hormonal à J3, validité du 100% (m’enfin à J-7 c’est trop tard).

J1 : Bah voilà hein on s’en doutait un peu. Si c’est un samedi, ou pire un dimanche avec J3 lundi, on est dans la marde si le point de J-7 n’a pas été fait correctement. 

–          Chialer un bon coup.
–          Essayer d’obtenir un RDV le jour même si le stock de médicaments est à zéro.
–          Essayer d’obtenir un RDV à J3 si tout est RAS.
–          Se dépatouiller avec la pharmacie.
–          Voir avec l’infirmière si besoin (surtout en cas de pénurie d’aiguilles).

J3 : normalement, le stock de médicaments est OK, partons sur l’hypothèse d’une secrétaire de gynéco conciliante. 

–          RDV de contrôle post-IAC.
–          Première injection.

J4 :
–          rappeler la secrétaire pour caler les rendez-vous de suivi de stimulation ovarienne.
–          Injection.

J5 :
–          Injection

J6 :
–          Injection

J7 : début du suivi de stimulation ovarienne.
–          Température.
–          Prise de sang au labo de Village Sur Mer de bon matin.
–          Penser à imprimer les résultats et vérifier qu’ils aient été faxés à la Chouette Clinique.
–          Faire la courbe.
–          RDV gynéco.
–          En fonction de l’écho, commencer à tenter de deviner la date de l’IAC pour s’assurer des disponibilités de tout le monde (labo, gynéco, et accessoirement son conjoint et soi-même).
–          Ne pas oublier l’injection.

J8 :
–          Température.
–          Injection

J9 : deuxième RDV de suivi de stimulation ovarienne.
–          Température.
–          Prise de sang au labo de Village Sur Mer de bon matin.
–          Penser à imprimer les résultats et vérifier qu’ils aient été faxés à la Chouette Clinique.
–          Faire la courbe.
–          RDV gynéco.
–          En fonction de l’écho, commencer à tenter de deviner la date de l’IAC pour s’assurer des disponibilités de tout le monde (labo, gynéco, et accessoirement son conjoint et soi-même).
–          Ne pas oublier l’injection.

J10 : 
–          Température.
–          Injection

J11 : troisième RDV de suivi de stimulation ovarienne. 
–          Température.
–          Prise de sang au labo de Village Sur Mer de bon matin.
–          Penser à imprimer les résultats et vérifier qu’ils aient été faxés à la Chouette Clinique.
–          Faire la courbe.
–          RDV gynéco.
–          Très probablement, calage de la date de l’IAC pour J13.
–          Ne pas oublier l’injection habituelle OU la piqûre de déclenchement.

J12 :
–          Température.
–          Prise de RDV avec le labo de la Clinique PMA pour le recueil, prise de RDV avec la secrétaire du Gynéco au cabinet de la Chouette Clinique pour l’IAC.
–          Vérification des papiers du conjoint et de ses propres papiers (carte d’identité, carte vitale, 100%, copie des examens au cas où).
–          Préparer un en-cas pour le lendemain midi.
–          Poney.

J13 : jour de l’IAC.
–          Température.
–          Départ du conjoint pour le recueil à la Clinique PMA.
–          Prise de sang au labo de Village Sur Mer de bon matin.
–          Eventuellement, aller au boulot.
–          Prise de nouvelles auprès du conjt (en évitant de faire sonner son téléphone au moment où il fait sa petite affaire…)
–          Penser à imprimer les résultats de prise de sang et vérifier qu’ils aient été faxés à la Chouette Clinique.
–          Départ pour récupération du recueil à la Clinique PMA.
–          Convoyage du recueil, des ovaires et de l’utérus concernés vers la Chouette Clinique.
–          Massacre cervical et IAC.
–          Penser à récupérer l’ordonnance pour l’utrogestan (à Village sur Mer, la pds pour recherche des BHCG, on s’assoit dessus pour les IAC).
–          Retour à la maison pour grignotage de l’encas et repos d’une heure (si possible…).
–          Retourner au boulot.
–          Pharmacie (utrogestan)
–          Poney si possible (à la maison, hein).

J14 :
–          Poney.
–          Utrogestan.

J15 à J21 :
–          essayer de ne pas penser.
–          Bordel, J21, c’est aussi J-7… il faut recommencer.

La bénédiction du Caméléon.

Il aura fallu patienter en tout 40 minutes au téléphone, soit trois coup de fils, sur deux heures (réveil mis à 8h le dernier jour de grasse mat’ pour l’occasion).

Il aura fallu user de tous les ronds de jambes du monde auprès de la secrétaire pour obtenir un rendez-vous dans la journée, en ce jour de réouverture du cabinet Caméléonesque.

Il aura fallu supporter 4 femmes enceintes dans la salle d’attente, dont une venant pour son écho-morpho, une autre pour on ne sait quoi mais elle était prête à exploser et cumulait le chouette combo conne + moche (ouuuh je suis très méchante mais elle était très moche et racontait toute sa vie à voix haute à sa BM qui l’accompagnait).

Il aura fallu recroiser cette fille elle aussi suivie en IAC en décembre, elle aussi s’étant foirée, et ne toujours pas oser lui parler.

Il aura fallu convaincre Monsieur Pimpin de tenir le coup, même à cours de vies de Candy Cruche, même quand la môôôche se frottait son moche ventre en se plaignant que c’était trop chiant.

Il aura fallu, en tout, poireauter deux heures et demie dans la salle d’attente. Ca pique, la rentrée. Record battu.

Tout ça pour être accueillis par un Caméléon au top de la forme, charmant comme tout, concerné par l’échec de l’IAC et même sincèrement déçu vu les paramètres « au top ».

Et tout ça pour obtenir un avis favorable sur la poursuite du traitement, une écho affichant zéro kyste (et dont les précédents clichés d’écho-morpho avaient été enlevés), et toutes les ordonnances qui vont bien. Alleluiah.

J’aime autant te dire qu’après tout ça, le Caméléon aurait infligé à Madame Pimpin une soufflante calibrée, ça ce serait pas très très bien passé DU TOUT.

Alors on continue comme ça, sans Monsieur Pimpin qui déclare forfait pour les monitos au cabinet (en même temps c’est pas plus mal que quelqu’un reste faire la bouffe à la maison parce qu’à ce rythme ça pue le Domac tous les deux jours), mais se chargera d’aller commander les médicaments de Madame Pimpin demain matin pendant qu’elle se rendra pour sa rentrée à l’école à l’abattoir au bureau, la fleur au fusil.

D’ailleurs à ce propos, la rentrée, rarement vu une pareille boule au ventre. Bizarre que le Caméléon l’ait pas vue à l’écho d’ailleurs celle-là doit bien faire trente centimètres. Peut-être le fait que Madame Pimpin pensait y retourner enceinte et donc pour pas longtemps (enfin, pas pour de vrai, quoi) (j’veux dire, la tête ailleurs, sans déplacements, en mode « j’men branle »). Peut-être parce que finalement mois après mois, tout ça entame tout de même son courage et sa résistance. A chaque reprise, c’est pire. Madame Pimpin n’a plus le courage de rien et cette semaine, c’est bien les pds au labo tous les deux jours qui fera qu’elle se lèvera avec un peu d’entrain. Chef, si tu me lis, étant donné que je t’ai déjà traité publiquement de connard, je m’en fous un peu mais bon… évite de m’en tenir rigueur le jour de l’augmentation, merci bonsoir.

IAC#2 – J3 – début de stim.

Oyez oyez camarades ce soir Madame Pimpin se pique le lard. Et puis c’est tout.

Hier, elle a passé un petit coup de fil à la secrétaire du Docteur Copain-De-Caméléon (celui qui a inséminé Madame Pimpin) (entre nous, je ne m’y fais toujours pas à ce terme « inséminer », j’ai toujours l’impression d’être en train de parler d’une vache ou une ponette pedigree, mais passons sur ces basses considérations lexicales). Môsieur le Docteur Caméléon est en congés et ne revient que lundi. Je te refais la conversation ?

– Bonjour je vous appelle suite à l’échec de mon IAC#1 en décembre car je dois commencer une stimulation en vue d’une nouvelle IAC et je devais d’abord, sur demande du Caméléon, procéder à une écho à J3. J3 étant demain, ça laisse peu de marge.

– Oh bonjour Madame Pimpin, oui je me souviens de vous. Alors ça n’a pas marché… Je suis sincèrement navrée, je vous souhaite une bonne année et j’espère qu’en 2014 ça marchera.

– Merci Madame Coeur Coeur Coeur, c’est gentil je vous souhaite une très bonne année à vous aussi.

– Alors par contre pour le Docteur Caméléon ça va être compliqué car il ne revient que lundi. Mais je comprends bien la situation et ne vous inquiétez pas. Je sais bien que si je ne vous trouve pas de RDV aujourd’hui, vous n’aurez même pas d’ordonnance pour la stimulation… je regarde.

– Oh, merci, Madame Coeur Coeur Coeur.

– Alors voilà ce que l’on va faire : passez aujourd’hui, Docteur Copain-De-Caméléon vous prépare l’ordonnance de Ménopur et Ovitrelle, et vous revenez demain à J3 pour le contrôle il vous prendra en tout début de journée en urgence.

– Madame Coeur Coeur Coeur, you made my day. Promis tu seras la marraine de mon premier fils ! Bisous bisous à tout à l’heure !

Mouahahahahah ! Mais non, je déconne ! En 2014 les secrétaires sont toujours aussi connes. En 2014 on ne peut toujours compter que sur soi même. Voilà comment la conversation s’est vraiment déroulée, étant donné qu’on n’a pas basculé dans un monde de bisounours où les secrétaires auraient un cerveau et un peu d’empathie :

– Bonjour je vous appelle suite à l’échec de mon IAC#1 en décembre car je dois commencer une stimulation en vue d’une nouvelle IAC et je devais d’abord, sur demande du Caméléon, procéder à une écho à J3. J3 étant demain, ça laisse peu de marge.

– A mais ça ne va pas être possible Madame il est en congés jusqu’à lundi et je ne peux même pas vous caler de rendez-vous lundi parce que je n’ai pas l’accès à son planning et sa secrétaire aussi est en congés.

– D’accord Madame, je rappellerai lundi, merci beaucoup au revoir.

LOLILOL. Finalement, « inséminer » c’est peut-être un terme assez respectueux pour les vaches et les ponettes, mais pas suffisamment pour Madame Pimpin qui ne mérite pas assez de considération pour obtenir une fucking écho de ses ovaires en temps et en heure.

M’enfin on va pas se laisser abattre hein. Puisqu’on a assez de cran pour démouler des fausses-couches dans les chiottes, on en a bien assez pour commencer une stim sans laisser-passer, pas vrai ?

Alors en avant Guingamp ! Espérons tout de même que le Caméléon aura un petit créneau lundi (ah non désolée Madame le délai pour un rendez-vous c’est 6 mois hein !) et qu’il n’aura pas le mauvais goût de se la ramener à base de « oh non mais Madame Pimpin je suis pas très très content que vous vous soyez auto-administré un traitement de stim hein, c’est pas joli-joli maintenant je vais faire du boudin et vous montrer l’écho des six semaines de Madame-Connasse-Lambda qui se trouvait dans la salle d’attente juste avant vous. »

2014 l’année de la force, qu’ils ont dit. BIM.

IAC – J8 – Brèves #1. [+ edit]

Brèves du Méno. 

Bon, ben les piqûres de Ménopur, c’est validé. L’infirmière a fait la première mercredi dernier, le lendemain elle a laissé Madame Pimpin gérer sous sa surveillance, et vendredi Madame Pimpin lui avait demandé de revenir (parce qu’elle est si gentille que c’est un plaisir de la voir) mais elle a tout fait sans consigne. Samedi soir elle s’est piquée toute seule, et hier Monsieur Pimpin s’est amusé à lui faire le mélange. Madame Pimpin kiffe ses piqûres. Elle a déjà chopé des T.O.C mis en place son petit rituel, cuisine toute clean après le repas, piqûre, puis chocolat de l’avent pour la récompense. Côté désagréments, pas grand-chose à déclarer, si ce n’est une grosse fatigue et une sale trogne, mais ça peut aussi bien ne pas être imputable au traitement.

Brèves du Labo. 

C’est ce matin qu’a eu lieu le premier contrôle Oestradiol / LH de stimulation ovarienne. On est à J8, idéalement il aurait fallu commencer à J7 mais c’était dimanche. Alors que retenir de cette fabuleuse expédition.

– se lever à 6h30 un lundi matin et se retrouver à gratter le pare-brise gelé, ça fait chier.

– le labo à 7h30 le lundi, c’est l’invasion de vieux, encore plus que les autres jours.

– la nana qui se trouvait dans la file d’attente juste devant Madame Pimpin n’avait pas l’air enceinte mais la secrétaire du labo s’est fait une joie de bramer «ah vous êtes au quatrième mois». Mazeltov.

– les prises de sang à fréquence régulière sont toujours incompatibles avec les veines fines et mobiles de Madame Pimpin, l’infirmière a fait du bon travail mais elle lui a souhaité bien du courage pour la semaine. Heureusement la nature est bien faite, on a deux bras.

– se retrouver au labo le matin en hiver, ça rappelle à Madame Pimpin les pds de control freak qui traquaient le taux de la Petite Chose il y a quelques mois, et ça fait mal au ventre…fucking mémoire.

Brèves du ciboulot.

Madame Pimpin ne part pas vraiment gagnante. C’est peut-être passager rapport à la photo de la dinde de Noël qui lui a tout de même bien défoncé le moral, c’est con mais c’est comme ça. Elle part un peu perdante mais ce n’est pas ça qui l’aidera à faire face quand le résultat arrivera, elle le sait bien. Le côté positif c’est qu’elle trouve que le traitement n’est pas du tout contraignant. Les pds le matin avec écho le soir, un jour sur deux, ça lui va bien comme rythme et c’est transparent pour le boulot (mis à part l’assignation à résidence pour toute la semaine, mais fuck you le chef). Elle n’aura pas l’impression de s’être sacrifiée sur l’autel de la loose en cas d’échec. Disons que pour le moment, Madame Pimpin s’acquitte de sa tâche sans trop broncher et sans trop rien attendre. Ni pessimisme abusif, ni optimisme de la dinde qui croit qu’une IAC va suffire pour changer sa vie. Le regard loin devant, au-delà du résultat. Tout pareil que quand elle court, elle regarde derrière la côte. Toujours.

Brèves de l’Endo.

RDV à 18h chez le Caméléon, pour le monito et l’interprétation des résultats E2 / LH. Les bottines bleues sont de sortie, jean confortable, pull et t-shirt longs, dégaine un peu loose : heureusement les gougniagiers ne sont pas de la fashion police, sans quoi ils auraient probablement noté un changement.

C’est donc avec une bonne heure et demie de retard que le Caméléon a ausculté les voies impénétrables de Madame Pimpin. Avec son E2 à 51 et sa LH à 2,6, Madame Pimpin y allait plutôt piteuse, mais le Caméléon (qui était aujourd’hui d’une humeur de chien) a dit que c’était bien. Alors pour une fois on va laisser tranquille son auto-estime en mousse, et faire un peu confiance quand on dit que c’est bien. Allez hop, 51 c’est bien. Puis Madame Pimpin s’est installée sur la table de l’espace du Caméléon. En fait c’est un fauteuil à bascule, qui monte, on a les pieds sur des sortes de pédales (exit l’étrier qui laisse gracieusement apparaître le dessous des chaussettes) et qui s’incline en arrière. Ca change de la table en fer du Docteur Colley. La scrutation commence. A droite, c’est moche. 6,5 mm. Madame Pimpin commence à bader. On passe à gauche, et là c’est mieux : deux bon follicules « recrutables » (yes les gars, entretien d’embauche : check !) de 12 à 14 mm suivant les bords.

Le Caméléon, trop choupinou, imprime les deux globules noirs et tend la photo à Madame Pimpin, cadeau. LOL. On commence l’album photo familial ? Puis Madame Pimpin pose ses deux trois questions cons dont elle te fera grâce (elle est incapable de dire des choses sensées quand elle a les fesses à l’air), remet son jean, et on repasse au bureau.

Madame Pimpin lui demande s’il ne serait pas un peu temps de faire les sérologies rapport aux 14 mm. Et là c’est limite si elle ne se prend pas l’avoinée du siècle parce que bordal, t’es mariée, tu veux faire un bébé, et tu sais pas si t’as la Syphilis ? Mais ma pauvre amie dans quel monde tu vis ? Il va falloir se sortir les doigts du boule et aller me faire cette sérologie, demain matin et que ça saute (mais euh, demain c’était repos pour mes veines toutes pourries…). Parce que ça ne chôme pas là-dedans, on devrait inséminer au plus tard samedi, mais plus probablement…..

Vendredi 13

Gloups.

Arsène Pimpin.

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C’est pas qu’on s’ennuierait presque en attendant l’infirmière, c’est juste que Madame Pimpin avait promis qu’elle te parlerait de sa cleptomanie légère. Oui oui cleptomanie avec un petit « c » et non Kleptomanie avec un grand « K » parce que, comme elle te disait, il s’agit d’objets trouvés ou abandonnés, sans valeur ou presque. Et puis après tout marde, elle a bien le droit de voler des choses, après tout DNLP ne s’est jamais justifiée de lui avoir volé ses deux bébés.

Sur cette photo, tu trouveras donc par ordre d’apparition :

Une théière magique.

Quand Madame Pimpin a décidé de prendre le Chat dans une main et sa valise dans l’autre pour accepter la proposition d’emménagement de Monsieur Pimpin, il a fallu faire un peu de place et Monsieur Pimpin s’est débarrassé de tout un tas de choses inutiles, notamment le facebook de son ex, le numéro de téléphone de son copain alcoolique, ses déjeuners dominicaux chez môman des objets encombrants qu’il a fallu entreposer à la cave, comme le préconisait le règlement de l’immeuble, afin que le gardien s’en occupe lors du passage du camion benne. La vieille voisine de Monsieur Pimpin, cette semaine là, avait elle aussi décidé de faire un peu de tri dans son gourbi d’appart. Quand les Pimpin sont arrivés à la cave, la théière magique gisait sur un tas de bric à brac dégoûtant, elle était recouverte de poussière grasse et collante, on voyait à peine qu’elle était noire et magnifique. Madame Pimpin l’a récupérée, nettoyée à fond, et l’utilise désormais pour décorer une étagère la semaine, et pour infuser son thé « Jardins de Majorelle » le dimanche.

Cette nuit la liberté.

Un jour, l’un des rêves de Madame Pimpin s’est réalisé : la Grande Boîte l’a envoyée travailler à l’étranger dans un pays super excitant. Elle n’avait pas tant rêvé de ce pays comme d’autres pays qu’elle a visités. Elle ne savait rien de l’histoire de ce pays excitant, elle savait juste qu’il l’intriguait mais qu’elle préférait le découvrir avec ses yeux plutôt qu’avec les mots des autres. Malheureusement dans ce bas monde, les innocents sont bien en peine : on ne les laisse jamais rêver, toujours un imbécile bien pensant pour gâcher la surprise. Alors Madame Pimpin savait que ce pays excitant pourrait la choquer, voire même la changer définitivement. Et ça lui faisait un peu peur. Alors elle s’obstinait encore plus à garder le mystère opaque autour du pays excitant, au point de déroger à sa règle de voyage habituelle et de ne pas se ruer sur le lonely planet. Mais tu sais comme est le destin. Il a fallu qu’elle prenne un avion pour Grande Ville quelques semaines avant. Il a fallu que dans le vide poche du siège devant elle se trouve un livre, il a fallu que ce soit un livre qui raconte le pays excitant. Mais là encore, Madame Pimpin, encore plus obstinée que le destin, s’est refusée à plonger dans le livre. Elle l’a pris mais ne l’a pas ouvert avant d’être dans un autre gros avion, celui qui l’emmenait vers le pays excitant. Et c’est à 10000 putains de kilomètres d’altitude qu’elle a ouvert son coeur à l’Inde, alors qu’elle ne pourrait plus faire demi-tour quoi qu’elle apprenne à son sujet.

Une petite plume bleue.

Un jour sur une belle plage près de chez elle, Madame Pimpin se dorait la pilule avec Madame Zébulon sa BFF. C’était un de ces moments que l’on souhaite garder pour toujours dans un coin de sa tête, une jolie chose qui t’accompagne ensuite à travers ta vie, pour quand ça va moins bien. Un moment parfait, où le bruit des vagues recouvre juste assez les cris des mouettes et les rires des enfants pour que l’ensemble sonne comme une musique harmonieuse. Un jour de grand soleil, chaud, un jour de brise légère et douce, un jour d’océan délicieux. Alors qu’elles discutaient, Madame Zébulon laissait ses doigts égrener le sable au hasard, là où ils se posaient, entre ses deux pieds. C’est Madame Zébulon qui a trouvé cette boucle d’oreille, à cette époque elle était bleu turquoise. Ne la trouvant pas à son goût, ou bien ne voyant pas l’utilité de ne devenir propriétaire que d’une boucle d’oreille, Madame Zébulon l’a offerte à Madame Pimpin. Depuis Madame Pimpin la conserve cérémonieusement parmi ses plus beaux bijoux, la porte souvent, et en garde le souvenir éternel de cet après-midi d’été de juillet.

***

Une barrette Hello Kitty.

Dont le fermoir est cassé, et sur laquelle il manque une perle. Madame Pimpin l’a trouvée à la piscine, sur une chaise longue, cet été en Corse. Il y avait cette jolie petite fille brune à la peau de brugnon et aux yeux de velours, en vacances avec ses parents. Ils formaient cette belle famille dont les Pimpin rêvent tant. Il y avait aussi le petit frère, un gros bébé joufflu et tout bronzé. Le plus souvent, lorsque la famille heureuse débarquait à la piscine en tout début de soirée, les Pimpin s’y trouvaient déjà alternant lecture et baignade entre la plage et l’apéro. Le plus souvent, lorsque la famille heureuse débarquait, les Pimpin déguerpissaient. Non pas que les cris des enfants les dérangeaient, même si c’est probablement ce qu’ont pensé les parents. non, c’était juste que de les voir se baigner, s’éclabousser tous les quatre, rire, être heureux, vivre, projetait une ombre bien trop triste sur le vide qui les habite encore aujourd’hui. Alors les Pimpin partaient. Un soir, ils sont restés. Juste au bord de la piscine, sur leurs chaises longues, sans bruit et sans bouger, figurants de la scène. La famille heureuse a du avoir peur de déranger parce qu’elle n’est pas restée bien longtemps. C’est ce soir là que la jolie petite fille a abandonné sa barrette Hello Kitty sur la chaise longue d’à côté. Madame Pimpin l’a ramassée, puis a imaginé l’effort que lui coûterait le fait de rapporter la barrette à la jolie petite fille. Et elle a vu que la barrette était cassée. Alors elle l’a gardée. Pour le jour où ce souvenir ne lui fera plus mal, pour le jour où d’un regard indulgent vers le passé, elle se souviendra de la jeune femme un peu rigide qui se tenait immobile sur sa chaise longue pendant que les enfants jouaient avec leurs parents heureux.

Une fleur en cuir mauve.

Une toute petite fleur, ornée d’un brillant, du genre de celles qui ornent les languettes de Kickers. Madame Pimpin l’a trouvée sur la moquette du labo en septembre alors qu’avec Monsieur Pimpin ils attendaient les résultats du test de Hühner#2, test qui les propulserait à minima en stim, pour cause de mauvais résultat sans stim. Alors effectivement la petite fleur ne se trouve pas sur la photo et c’est très contrariant. Madame Pimpin n’arrive pas à remettre la main dessus. Elle se souvient de l’avoir sortie de son sac il n’y a pas longtemps, mais elle ne sait plus où elle l’a rangée.

Un porte-clé en forme d’ancre.

Il est en cuir rouge, et c’est celui que Madame Pimpin a trouvé il y a quelques jours dans les toilettes de la Chouette Clinique, quelques minutes avant que le Docteur Caméléon signe les ordonnances pour l’IAC.

*** Et voilà. Entre la plume et la barrette, l’infirmière est arrivée. Wham Bam Thank You M’am. En deux temps trois mouvement le mélange était fait et le liquide injecté. Ca a duré cinq minutes entre l’ouverture et la fermeture de la porte. Moins de temps qu’il n’en aurait fallu à Madame Pimpin pour sortir les aiguilles de la boîte à bonbons. La dame est discrète, ultra rapide, ultra gentille, elle passe dans le quartier tous les soirs à la même heure, et ça va être super dur de ne pas l’attendre sur le bord du chemin telle une âme en peine le jour où Madame Pimpin se décidera à gérer toute seule (hmmm probablement samedi prochain, rapport aux copains qui viennent prendre l’apéro à la maison, et à qui il n’est pas question d’expliquer le pourquoi du comment du parce que).

Bref, aujourd’hui, Madame Pimpin a commencé sa stim en vue de l’IAC.

Caméléon is good.

C’est avec une heure de retard, et donc en plein horaire de pause dèj, que le Caméléon a reçu Madame Pimpin aujourd’hui. Cette heure à patienter lui aura permis de franchir un niveau de Candy Crush sur lequel elle bloquait depuis trois semaines, d’apercevoir la Docteur Merveilleuse (qui habite de l’autre côté du couloir) qui se rendait à la cantine, probablement fraîchement accouchée (same DPA) (et son congé mat bordel ?!) (face à tant d’abnégation, Madame Pimpin a tout de suite trouvé moins admirable le courage du Caméléon sacrifiant sa pause dèj sur l’autel de l’infertilité de Madame Pimpin), et d’assouvir sa cleptomanie chronique, grâve à un petit porte-clé joli, trouvé sur le lavabo des wc (Madame Pimpin ne cleptomanise que des objets trouvés et sans valeurs, pour en faire des porte-bonheur, le reste ne l’intéresse pas) (un jour elle te montrera sa collec’).

Enfin son tour, elle est seule dans la salle d’attente, le Caméléon tombe donc de suite le masque de fer et lui adresse un grand sourire, accompagné d’une chaleureuse poignée de main. Elle s’assied, s’assoit, peut importe.

– « Alors Madame Pimpin, où en sommes nous… »

– « Blablabla Biologiste »

– « Alors, ça s’est bien passé avec lui ? »

– « Blablabla oui oui oui, blablabla pas de FIV, blablabla fragmentation OK… »

– « Bon eh bien c’est très bien tout ça, on va pouvoir y aller, c’est parti ! »

De là il sort son bloc d’ordonnance, en détache 4, et commence à griffonner de son écriture que Madame Pimpin sait à présent déchiffrer même à l’envers (je te l’avais dit que Madame Pimpin était génétiquement croisée avec James Bond).

Ordonnance 1 :

– Ménopur de J3 à J14, une ampoule par jour.

– Ovitrelle.

(alors alors alors, mais quel suspense, IAC ou STIM, Madame Pimpin trépigne sur sa chaise mais ne pose pas de question parce qu’elle aime bien faire style d’avoir du flegme)

Ordonnance 2 :

– injection sous-cutanée quotidienne à domicile pendant 12 jours.

(grmpffff accouche)

Ordonnance 3 :

– dosage LH.

– dosage #%&&%$ (formule chimique de l’oestradiol) J7/9/11/13.

– annexe : une petite fiche A4 trop cute sur laquelle Madame Pimpin doit reporter tous ses dosages ainsi que sa température quotidienne.

(au secours, des devoirs)

Ordonnance 4 :

– préparation spermatique pour IAC.

(YEAAAAAAAAAAAAHHHH!!!!!!!!!!!!!!)(en vrai, visage stoïque)

Tu noteras de ton oeil avisé qu’il manque l’ordonnance pour la progestérone, les sérologies, et que le Caméléon ne propose pas de faire un dosage BHCG. Les deux premiers points ont échappé sur le coup à cette babate de Madame Pimpin, trop contente pour réfléchir, et pour le dosage de toutes manières elle ne l’aurait pas fait parce qu’elle n’ira faire un dosage que si elle fait virer un TG. La merde d’aller au labo de bon matin pour se manger une porte.

Le Caméléon s’est ensuite lancé dans des grandes explications à base de « les follicules sont des petits ronds, on vise une taille de 18mm blablabla ». Pensée émue pour les licornes de Lucette. Mais ça va aller. Ce qui inquiète Madame Pimpin c’est le Ménopur parce que de ce qu’elle sait, ça ne se dispense pas sous forme de pen.

Et ses inquiétudes se confirment lorsqu’elle se pointe à la pharmacie en mode « oui oui je vais me piquer toute seule nan mais ça va quoi, j’ai déjà fait de l’Ovitrelle, même pas peur ».

La pharmacienne dubitative sort son grand Vidal des médicaments et consulte la rubrique Ménopur. Aspirer avec la seringue munie de la grande aiguille G22, injecter dans la poudre contre la paroi, remuer en tournant, réaspirer avec la seringue, changer d’aiguille pour la G27 (ou 27G, WTF ???), chasser l’air, piquer… Euh… Well well well, la pharmacienne… Tu connais des infirmières ?

Au final, Madame Pimpin récupèrera sa commande demain matin, et sur les recommandations de la pharmacienne a trouvé une infirmière à domicile fort sympathique. Elle composera sans problème avec le préavis de 24 heures, elle expliquera tout bien à Madame Pimpin pour qu’elle apprenne à faire toute seule, et elle a même demandé si le déclenchement devait se faire en intra-musculaire ou bien avec Ovitrelle, preuve qu’elle s’y connait. Top du top, l’infirmière est basée dans le même coin de pampa que Madame Pimpin : mais que demande le peuple ?

Un J1 peut-être ? Histoire de commencer tout ça et de préférence pas trop tard, ni trop tôt (la gentille infirmière ne viendrait peut-être pas un dimanche…) Je te le donne en mille, ce J1 discipliné semble bien vouloir se pointer demain, pour une première piqure lundi. What else ?

Bon, concernant l’issue de la chose, pas de pression, c’est un brouillon. Oui oui un beau brouillon, et puis si ça marche pas tant pis, on verra l’année prochaine, c’est bientôt…